Ce week-end, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a officiellement déclaré le Libéria exempt de la transmission du virus Ebola. L’épidémie était apparue fin décembre 2013, dans le sud de la Guinée.
Le 9 mai, cela faisait 42 jours, soit deux fois la durée maximale d’incubation du virus, que le dernier cas d'Ebola confirmé en laboratoire avait été détecté au Libéria. Dès lors, l'OMS pouvait déclarer ce pays libéré de cette terrible épidémie, la plus grave depuis l’identification en 1976 du virus, qui causa la mort de plus de 4.700 personnes sur plus de 10.500 cas identifiés dans ce pays.
Cette annonce a évidemment été saluée par de nombreuses ONG. L’Unicef a parlé de "victoire sur un fléau qui a causé tant de mort et de souffrances", mais la Croix-Rouge a fait part d'un optimisme prudent, en soulignant qu'il restait "encore beaucoup de travail à faire pour soutenir les familles, et le pays". Toutes ces organisations reconnaissent cependant cette "réalisation monumentale" selon les mots d'Alex Gasasira, un responsable de l’OMS.
Le lourd tribut payé par les soignants africains
L’annonce de l'OMS a été faite à Monrovia en présence de la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf. Elle met fin à une année de souffrances, de contraintes et de sacrifices humains dans ce pays qui se remettait de quatorze ans de guerres civiles. Et dans ce combat contre le virus, le personnel de santé a payé un lourd tribut. 189 d'entre eux ont péri sur 375 contaminés. La présidente libérienne leur a rendu un vibrant hommage.
Reste que si l’épidémie est éteinte, la vigilance doit rester de mise en raison de la permanence du virus en Guinée et en Sierra Leone, où le nombre de nouveaux cas est cependant aussi en baisse.
Les leçons à tirer
Des leçons vont devoir être tirées de cette crise sanitaire. On reproche notamment à l’OMS d'avoir mal anticipé l'épidémie et réagi avec retard (en août 2014) pour décréter une "urgence de santé publique mondiale" alors que Médecins sans frontières (MSF) estimait, dès le mois de juin, que l'épidémie était hors de contrôle. Des "lacunes" sont également pointées dans les réglementations sanitaires internationales destinées à prévenir la dissémination de l’épidémie à travers les frontières. Il avait fallu 4 mois pour confirmer le diagnostic du cas d'Ebola à l’origine de l'épidémie… Des experts réclament du coup des réformes d’envergure et la création d’un fonds d'urgence spécifique qui pourra être débloqué à la prochaine épidémie.
P.G. (avec la Croix)
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