Alors que le journal le plus diffusé dans le pays a suspendu ses publications et que les radios indépendantes locales ont été réduites au silence, le mouvement d'opposition au troisième mandat brigué par le président Nkurunziza tente de se réorganiser.
"Ce lundi matin sera le 23e jour des manifestations contre la troisième candidature de Nkurunziza", a rappelé sur les réseaux sociaux Pacifique Nininahazwe, une des figures de la contestation, dont les propos ont été repris par l'AFP. En ce début de semaine, les opposants au troisième mandat brigué par le président burundais Pierre Nkurunziza vont tenter de remobiliser leurs troupes après l'échec de la tentative d'un coup d'Etat mercredi dernier. Ils appellent la population burundaise à se rassembler massivement et à manifester pacifiquement. "La marche est pacifique: nous nous arrêtons quand la police nous affronte, nous nous asseyons les mains en l'air. Puis nous reprenons la marche", a ordonné M. Nininahazwe.
Le contestataire a appelé les Burundais "anti-troisième mandat" à diffuser le message via un maximum de canaux, alors que quatre radios indépendantes avaient été réduites au silence jeudi dernier par des proches du gouvernement. Le 14 mai, des personnes non identifiées ont tiré des grenades dans le complexe abritant les stations de radio Bonesha FM, Renaissance Radio, Radio Isanganiro et Radio Publique Africaine – qui, malgré son nom, est de propriété privée – dont le directeur a été contraint de fuir à l’étranger à la suite de menaces de mort. La radio indépendante Rema FM a quant à elle été incendiée le 13 mai dernier.
La radio, première source d'informations de la population
Ces radios, qui relayaient les mots d'ordre des manifestations, ne sont à l’heure actuelle plus capable d'émettre, ce qui a pour effet d'handicaper la capacité de mobilisation de l'opposition. Dans un communiqué envoyé à l'agence Fides, la Coordinatrice du Programme Afrique du Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), Sue Valentine, rend compte des conséquences du musellement des radios indépendantes dans un pays où la radio représente la source principale d'informations de la population. Au Burundi, seuls, 1,3% de la population a accès à Internet et l'accès aux réseaux sociaux via smartphones a été rendu impossible.
"Attaquer des moyens d’information ne constitue jamais une solution, en particulier lorsque les citoyens ont besoin de savoir ce qui se passe autour d’eux", déplore la coordinatrice du CPJ. "Ceux qui ont le pouvoir ont le devoir d’écouter ce que le peuple dit", affirme Sue Valentine.
Le journal "Iwacu", le plus largement diffusé dans le pays, a lui aussi été contraint de reporter ses publications après avoir reçu des menaces. La chaîne d'Etat, la Radio Television nationale, est actuellement la seule à pouvoir émettre au Burundi
S.T. (avec Agences)