« Comment faire des prisons de véritables outils de lutte contre la récidive? » Sur base de cette interrogation, un collectif associatif a étudié les offres de services actuellement disponibles pour les détenus. Un inventaire qui montre que la vie carcérale mise davantage sur l’objectif sécuritaire que la volonté d’aider à la réinsertion.
En 2005, le Parlement fédéral adoptait la loi dite «de principes» qui organisait les droits et devoirs des détenus en prison. L’objectif était clair: encourager la réinsertion et lutter contre la récidive via un plan de détention. Dix ans après, les associations actives en prison, regroupées dans le collectif CAAP, ont fait l’inventaire des services mis en place pour les détenus. « C’est insuffisant », concluent-elles.
L’état des lieux des moyens réellement mis en œuvre dans les 17 établissements pénitentiaires de Wallonie et de Bruxelles couvre en 269 pages les domaines essentiels de la vie carcérale: Formation, santé, aide psychosociale, culture, sport, préparation à la sortie… Les chiffres sont interpellants: quand on sait qu’en Belgique, le taux de suicide des détenus est 6 à 7 fois supérieur à la moyenne de la population hors des établissements pénitentiaires, on comprend l’importance d’un suivi psychologique. Or, certaines prisons ne comptent qu’un psychologue pour 700 détenus. De même pour l’activité sportive qui permettrait d’améliorer la santé et le bien-être de la personne incarcérée, plusieurs établissements n’ont pas de salle de sport. Le préau fait office de terrain pour le foot ou pour la musculation.
L’état des lieux fourni par la CAAP, Coordination des Associations Actives en Prison, révèle aussi le désengagement d’organismes publics ou semi-publics. Par exemple, l’ADEPS fournissait préalablement un encadrement sportif structuré, qui n’est plus remplacé par la Fédération Wallonie-Bruxelles. A l’issue de la détention, le manque de préparation à la réinsertion fait aussi cruellement défaut. Normalement, cette aide passe par des plateformes « connexion-réinsertion » rassemblant différents intervenants (Forem, mutuelles, CPAS…). Aurélie Wauthelet témoigne pour l’exemple de Tournai: « cette activité permet, trois fois par an, aux personnes détenues de rencontrer les services qu’elles souhaitent solliciter dans le cadre de leur plan de réinsertion ou auxquels elles feront appel à la sortie; c’est donc parfois le premier pas vers la concrétisation de leur projet de réinsertion. » Des initiatives de ce type ne sont malheureusement pas organisées dans tous les établissements, ni régulièrement.
Anne-Françoise de Beaudrap