Le gouvernement belge s’est gardé de débourser un tiers de l’aide humanitaire qu’il avait promis de fournir pour soutenir des programmes d’aide dans le Sahel, la région des Grands Lacs et en Palestine. Neuf organisations humanitaires attendent toujours 50 millions d’euros de la part du fédéral.
Neuf ONG, dont Caritas International, Unicef, Oxfam, la Croix-Rouge et Handicap International, ont dénoncé lundi dans les colonnes du quotidien flamand De Morgen le fait que le gouvernement fédéral a omis de verser 50 millions d’euros d’aide humanitaire. L’année dernière, un total de 150 millions d’euros avait été prévu par la Belgique pour soutenir des programmes à moyen terme dans la région du Sahel, des Grands Lacs et en Palestine. Selon les neuf plaignants, 50 millions d’euros, soit un tiers du budget initialement prévu, n’ont pas été délivrés.
Faut-il pourtant rappeler à nos dirigeants que la moitié de la planète est à feu et à sang, s’interrogent les organisations non gouvernementales. Les quatre années de guerre en Syrie ont fait plus de 200.000 morts et ont forcé plus de 11 millions de personnes à quitter leur foyer. Dans les camps du Sahel, 20 millions de personnes souffrent de la faim, la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud a fait des dizaines de milliers de morts et a endoctriné une douzaine de milliers d’enfants-soldats. L’année dernière les bombardements dans la bande de Gaza ont fait plus de 2.000 morts, des milliers de blessés et près de 200.000 déplacés.
Une promesse impossible à tenir selon de Croo
Les ONG regrettent que la Belgique n’ait pas libéré l’argent prévu et mettent en cause la volonté du fédéral de faire des économies à tout prix. Le ministre de la Coopération au développement, Alexander de Croo, s’est expliqué à la RTBF via son porte-parole : « l’allocation de base spécifique ‘programmes humanitaires’ dont il est question pouvait seulement être opérationnalisée après approbation de l’arrêté royal Aide humanitaire. Cet arrêté royal du ministre Labille a été approuvé quelques jours seulement avant la dissolution du Parlement, en avril 2014. Il y a ensuite eu la période d’affaires prudentes, puis d’affaires courantes jusque mi-octobre et la prudence budgétaire: il était de ce fait impossible d’approuver les programmes humanitaires l’année passée. »
Une question de vie ou de mort
Selon Jan Weuts, coordinateur de l’aide urgente chez Caritas International, il s’agit plutôt d’un manque de volonté. « Nous avons l’impression que l’aide humanitaire ne représente un enjeu que quand il y a une pression de l’opinion publique assez contraignante pour pousser à honorer les promesses faites », a-t-il exprimé sur le site de la RTBF.
A l’heure où le gouvernement fédéral a commencé son contrôle budgetaire, les neuf organisations humanitaires ont voulu interpeller les dirigeants. « Nous ne demandons pas plus d’argent » ecrivent-elles. « Simplement de fournir ce qui a été prévu et promis. Le budget belge est une question de vie ou de mort », ont conclu les organisations humanitaires. »
S.T.
Photo: un.org