Alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe, des migrants africains se sont disputés sur un canot surchargé, au large de la Sicile. Douze d’entre eux, tous de confession chrétienne, ont été jetés à la mer. Quinze musulmans ont été arrêtés par la police italienne. Une horreur dans l’horreur des terribles naufrages qui ont refait la une de l’actualité cette semaine.
Depuis dimanche dernier, l’Italie doit faire face à un afflux de migrants comme elle n’en a jamais connu. Pour la seule date du 16 avril, plus de mille d’entre eux ont été secourus en mer par la marine militaire et les gardes-côtes, et débarqués en Sicile. Et l’Italie, qui se plaint de devoir affronter seule cet état d’urgence humanitaire, s’attend au pire. En raison de la situation chaotique en Libye et des conditions météo plus favorables aux traversées de la Méditerranée, on estime qu’entre 500.000 et un million de personnes sont prêtes à tenter la traversée, au péril de leur vie.
La faillite de la mission Triton
De fait, les tragédies en Méditérrannée ne cessent de se succéder les unes aux autres, transformant toujours un peu plus cette mer, berceau de notre civilisation, en un cimetière de la migration. Et ces derniers jours ont peut-être été les plus meurtriers. Selon les survivants d’un naufrage, débarqués mardi matin en Italie et interrogés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), environ 400 migrants auraient en effet disparu dimanche, dont de nombreux enfants. Les garde-côtes n’ayant repêché que neuf corps sans vie à proximité de l’embarcation à laquelle avait pu s’aggripper les rescapés, cette catastrophe n’a pu être confirmée. Mais elle a provoqué la colère de plusieurs ONG et organisations internationales, comme Amnesty International, qui reprochent à l’Union européenne d’avoir arrêté l’opération Mare Nostrum qui avait sauvé 17.000 vies, pour la remplacer par Triton, une mission cantonnée à la seule surveillance.
Motif religieux
Avant ce drame, L’OIM avait déjà enregistré plus de 500 morts de migrants en Méditerranée depuis le début de l’année, contre 47 l’année dernière pendant la même période. Et voilà qu’une autre tragédie vient augmenter ce macabre comptage, de moindre ampleur mais avec un tour nouveau et inédit puisque les victimes ont été jetés par-dessus par bord à la suite d’une dispute entre migrants. Le drame est survenu dans le détroit de Sicile, sur un canot pneumatique qui transportait au total une centaine de passagers. Selon les témoignages à la police de certains de ces passagers, une dispute a éclaté à bord pour des raisons religieuses. Douze personnes, nigérianes et ghanéennes et de confession chrétiennes, auraient alors été jetées à la mer. Pour se sauver, les survivants auraient formé une chaîne humaine. Sur base de ces témoignages, jugés « cohérents » par la police, et de photos qui auraient été prises, quinze hommes, de nationalité ivoirienne, malienne et sénégalaise, et de confession musulmane ont été inculpés hier d’ »homicides multiples, aggravés par la haine religieuse ».
P.G. (avec La Croix)