Grande soirée-débat ce 30 mars à Auderghem autour de la question: "Peut-on sauver l'école?" La réponse semble être: "Oui, si tous coopèrent…"
Au départ, John Rizzo est chef d'entreprise dans une start up informatique. Suite à un rachat par un groupe américain, il se reconvertit une première fois en formateur d'adultes, toujours dans le domaine informatique. Auprès des demandeurs d'emploi du Forem, qui suivait un stage avec John Rizzo, le formateur constate: "mes étudiants s'expliquent régulièrement des concepts l'un à l'autre. Ce système d'entraide spontané, couplé à mes vidéos, suffirait-il à me rendre inutile?" John Rizzo découvre alors une méthode d'apprentissage mutuel où l'enseignant intervient très peu, cette "école mutuelle" qu'il appliquera quelques mois plus tard lors d'un remplacement en primaire. Sur base de ce constat que l'enseignant doit avant tout accompagner ses élèves, plutôt que leur inculquer une matière, John Rizzo a expérimenté le monde scolaire. Pendant près d'un an, il a rencontré des spécialistes du milieu éducatif, aussi bien sur le plan financier, syndical que pédagogique. En alternance, il s'insérait dans des écoles diverses comme instituteur remplaçant. Un tiers de son livre "Sauver l'école?" raconte ce retour sur les bancs de l'école, en tant qu'adulte cette fois!
John Rizzo, l'auteur de "Sauver l'école?" aurait pu simplement publier le compte-rendu de son expérience de l'enseignement et attendre les réactions des lecteurs. Mais, cet enseignant à temps partiel voulait surtout provoquer un débat avec les autres acteurs de l'éducation. Pari réussi puisque la soirée du 30 mars a rempli l'auditorium du Centre culturel d'Auderghem. A chaque interruption dans le spectacle, les discussions reprenaient entre les spectateurs. Le public a pu découvrir des initiatives innovantes pour former élèves et adultes de manière différente. Tous sur scène et dans la salle étaient d'accord pour reconnaître que quelque chose cloche dans le fonctionnement actuel des écoles. Preuve supplémentaire: les conversations pendant l'entracte autour des stands tenus par différentes associations éducatives montraient l'énergie investie dans l'enseignement et la formation des jeunes… Les professeurs regrettaient également la difficulté d'appliquer des techniques innovantes dans leurs classes, si on tient compte des consignes officielles.
La soirée-spectacle intitulée "Sauver l'école?" n'était toutefois pas restreinte à ce seul public. En l'organisant, John Rizzo s'est efforcé d'alterner des temps de parole assez courts avec des entractes ludiques, comme ces prestations des Petits chanteurs du Collège Saint-Pierre interprétant, par exemple, "Another brick in the wall" (chanson de Pink Floyd sur l'éducation). La soirée apportait également des témoignages revigorants comme celui de Pauline, 14 ans, qui a créé un manuel de néerlandais pendant ses congés d'été: "les professeurs, soutenus par la direction, se sont donnés à fond pour m'épauler dans ce projet." Ou encore Sophie Heymans, coordinatrice ECEC, qui a découvert au Québec un type d'école où "tous les enfants ont la banane!" Ce style d'établissement commence à prendre en Belgique, après un long temps d'adaptation à chaque milieu scolaire. Nous pourrions prolonger les exemples, nombreux, qui ont été cités dans cette soirée "Sauver l'école?" Les participants semblaient d'accord sur cette maxime québécoise: "la porte du changement s'ouvre de l'intérieur".
Anne-Françoise de Beaudrap