Les descentes et perquisitions qui ont eu lieu hier soir à Verviers ont attiré l’attention sur cette petite ville wallonne, que d'aucuns considèrent comme l’un des foyers islamistes de Wallonie.
Verviers s'est réveillée "groggy" ce vendredi, après les événements qu'elle a vécus jeudi, lesquels se sont soldés par deux morts et une arrestation. Selon le parquet fédéral, les forces de l'ordre ont investi un appartement où des djihadistes présumés préparaient un attentat imminent. ceux-ci ont ouvert le feu sur la police fédérale, qui a riposté. Parallèlement, des perquisitions ont eu lieu dans une dizaine d'endroits en Belgique, notamment à Bruxelles, qui se sont soldées par 13 arrestations.
Il semble que la ville abrite plusieurs jeunes revenus au pays, après avoir combattus en Syrie. C'est le cas de ceux que la police a tenté d'interpeller jeudi soir, selon les informations de la police fédérale. Dans leur appartement de la rue de la Colline, un important stock d'armes et de munitions, mais aussi des faux papiers, d'importantes sommes d'argent et des uniformes de police ont été retrouvés.
Dans l'ancienne cité lainière, devenue aujourd'hui capitale de l'eau de la Région Wallonne, ce tragique événement a remis en lumière la question du vivre ensemble. En effet, plusieurs communautés étrangères se sont implantées à Verviers. Parmi celles-ci, des personnes de confession musulmane. A Verviers, le doyen François-Xavier Jacques reconnaît que : « le vivre ensemble culturel et religieux n’est pas facile. Mais des liens se créent petit à petit, portés par le souhait de certains de lutter contre l’indifférence et le rejet. »
Lorsque les événements de jeudi se sont déroulés, l'évêque de Liège, Mgr Jean-Pierre Delville - actuellement en visite pastorale à Verviers - était rue de Hodimont dans la Cité lainière pour aller visiter le terrain d'aventure, lieu d'accueil pour les jeunes du quartier créé et soutenu par des initiatives chrétiennes.
Cette visite était suivie d'une rencontre avec les Imams de la plus grande mosquée de Wallonie située juste en face; rencontre placée sous le signe du dialogue, de la volonté de part et d'autre de lancer un appel à solidarité. L'occasion pour l'évêque de rappeler l'apport culturel, scientifique de l'Orient dans l'histoire de l'Occident. Faisant allusion aux attentats perpétrés en France, Mgr Delville a déclaré: "Nous sommes mis à l'épreuve, nous devons montrer nos vraies valeurs ! Dépasser les à priori, aller au delà de nos convictions habituelles !"
Franck Hensch, Imam à la mosquée Assahaba-ceciv a, pour sa part, estime : "Nous avons le devoir mutuel d'aller l'un vers l'autre, nous devons sortir de l'ignorance, on veut se mettre en dialogue. Nous devons nous poser la question suivante : Qu'est ce qui pousse nos jeunes à se radicaliser ?" Et de conclure : "Beaucoup de nos jeunes, les femmes ont peur, prônons le discours de l'apaisement entre autre avec nos amis Chrétiens. Nous sommes fiers d'être dans un pays dans lequel on reconnaît le culte musulman !".
Apprenant l'intervention des forces de l'ordre et la mort de deux terroristes présumés, à quelques pas de la mosquée, Mgr Delvile a publié un communiqué dans lequel, il souligne le contraste entre « la cordialité manifestée par la communauté musulmane de Hodimont » et « la violence de ceux qui trahissent l’Islam par leur agressivité aveugle. » Pour l’évêque de Liège, « La guerre engendre la guerre. Seul le dialogue et la rencontre conduiront à la paix. »
A-F.dB/J.J.D (avec Diocèse de Liège)
Communiqué de Mgr Delville, évêque de Liège :
La cordialité manifestée par la communauté musulmane de Hodimont contraste avec la violence de ceux qui trahissent l’Islam par leur agressivité aveugle.
La guerre engendre la guerre. Seul le dialogue et la rencontre conduiront à la paix."
+ Jean-Pierre Delville, Evêque de Liège