Le Groupe de travail de la Conférence des Évêques de France sur la fin de vie publie, ce mardi 20 janvier 2015, une déclaration qui vient éclaircir le débat à la veille du débat parlementaire. Ce mercredi 21 janvier s’ouvre en France un débat sans vote à l’Assemblée nationale concernant la fin de vie, sur les propositions des députés Leonetti (UMP) et Claeys (PS). Une loi sur ce sujet sera présentée au printemps.
Dans cette déclaration communiquée à la presse, les deux évêques signataires, les quatre spécialistes médicaux et les deux prêtres de ce groupe de travail saluent "avec admiration l’effort des équipes médicales et des bénévoles qui, avec compétence et dévouement, accompagnent au quotidien des personnes en fin de vie ainsi que leurs proches. Leurs pratiques attestent la pertinence des soins palliatifs. Ceux-ci ont fait leurs preuves ! Ils forment aujourd’hui un savoir médical autorisé, toujours en progrès, pour que des personnes vivent dans les meilleures conditions possibles leur fin de vie."
Les signataires poussent ensuite un signal d'alerte, vis-à-vis de l'opinion et surtout des politiques: "ne prenons pas le problème à l’envers ! Il serait erroné de penser résoudre le « mal mourir » par la seule création d’un nouveau « droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès ». Ce droit ne supprimera pas les causes de ce « mal mourir », mais génèrera, s’il est pris isolément, un « mal vivre » plus profond, ainsi que de nouvelles inquiétudes et angoisses chez nombre de nos concitoyens."
La déclaration encourage l'émergence d'une « culture palliative » qui, disent-ils, favorise une "réflexion apaisée et des choix paisibles sur les questions de fin de vie". Les signataires soulignent que "La médecine se doit d’être cohérente : la main qui soigne ne peut être la main qui tue."
Le groupe de travail préconise encore que "Cette médecine palliative doit être connue par tous, non seulement afin d’être éclairés pour nous-mêmes mais aussi parce que nous avons ou nous aurons probablement à vivre un accompagnement de l’un de nos proches en fin de vie. Un devoir d’information s’impose donc à la politique de santé publique."
Cette déclaration sur le site de la Conférence des évêques de France évoque également "la nécessité d’aborder de façon globale l’ensemble des problèmes de la fin de vie : diminutions, dépendance, handicap, solitude. La résolution du « mal mourir » ne commence pas en phase terminale mais passe par la mise en place d’une politique du « bien vieillir »."
Le groupe de travail développe ensuite le "droit à la sédation en tenant compte de chaque situation et de la fluctuation des souhaits". Leur déclaration pointe du doigt certaines situations problématiques posées par la proposition de loi de MM. Jean Leonetti et Alain Claeys. A travers cette évaluation, le groupe de travail oriente le public et le personnel médical vers la perspective d'une autre fraternité : "L’accompagnement d’une personne en fin de vie ouvre souvent les yeux à la transcendance dont chaque être humain est porteur dans sa vulnérabilité même. Cet accompagnement traduit une authentique manière d’aimer l’autre vulnérable, qui honore les soignants et toute la société."
A.-F. de Beaudrap
Le texte complet à lire sur le site de la Conférence épiscopale de France.
Les signataires sont: Mgr Pierre d’Ornellas, Archevêque de Rennes et responsable du Groupe de travail sur la fin de vie; Mgr Michel Aupetit, Évêque de Nanterre; Dr Marie-Sylvie Richard, xavière, Chef de service à la Maison Médicale Jeanne Garnier (Paris); Dr Claire Fourcade, Médecin coordinateur, pôle de soins palliatifs de la polyclinique Le Languedoc (Narbonne); Dr Alexis Burnod, Institut Curie, Service soins palliatifs; P. Bruno Saintôt, jésuite, Directeur du département éthique biomédicale du Centre Sèvres (Paris); P. Brice de Malherbe, Co-directeur du département d’éthique biomédicale du Collège des Bernardins (Paris)