L’envoyée spéciale de l’ONU au Sahel a déclaré, ce mercredi 28 janvier, que cette région d’Afrique est menacée à son tour par les islamistes de Boko Haram. Elle a aussi estimé que, pour lutter contre ce groupe extrêmement meurtrier, le Nigeria, berceau du mouvement, ne peut plus agir seul.
« Il est temps de passer à l’action et de prendre conscience du danger que représente Boko Haram pour l’ensemble du continent africain« , a expliqué à l’AFP Hiroute Guebre Sellassie , appelant le Nigeria à être « mieux disposé » vis-à-vis de la force militaire régionale créée fin 2014 par six pays de la région.
Cette force peine à être opérationnelle en raison de dissensions entre Abuja, la capitale du Nigéria – qui en a perdu récemment le commandement au profit de N’Djamena -, et ses voisins (Cameroun, Tchad, Niger et Bénin). « Le Nigeria ne peut plus s’atteler au problème tout seul« , a estimé l’envoyée spéciale. « Boko Haram n’est plus seulement confiné au Nigeria. Nous voyons un déferlement de réfugiés vers le Niger, le Cameroun et même le Tchad« . « Le Sahel est de plus en plus impacté », a-t-elle ajouté, évoquant l’existence d’un camp d’entraînement de Boko Haram dans le nord du Mali.
La lutte contre les islamistes nigérians sera l’un des thèmes dominants du sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine (UA), qui s’ouvre vendredi à Addis Abeba, en Ethiopie. Hiroute Guebre Sellassie a indiqué attendre du Sommet de l’UA que l’Afrique « s’approprie le problème » posé par Boko Haram, tout en jugeant nécessaire un soutien international, y compris financier, à la force régionale mise en place par des pays « dont le budget pour la sécurité n’est pas très élevé« .
Plus de 13.000 personnes ont été tuées depuis 2009 dans les attaques menées par Boko Haram, et leur répression par l’armée, et plus de 1,5 million d’habitants ont été déplacés par ces violences.
CH (avec Belga)
légende photo : des jihadistes de Boko Haram