Un collectif agit à Bruxelles depuis dix ans pour recenser les décès des sans-abri et rendre hommage aux personnes disparues. La Ligue des droits de l’homme les a récompensés.
La ligue des droits de l’homme (LDH) a remis hier soir son prix Régine Orfinger-Karlin 2014 au collectif « Les morts de la Rue ». Tous les deux ans, la LDH récompense une personne ou une association oeuvrant à la protection et à l’aide à des groupes vulnérables. Le collectif « les Morts de la rue est fier d’être récompensé: « On se bat depuis dix ans pour que les droits des personnes sans abri décédées soient respectés. Parce que l’exclusion se poursuit jusque dans la mort. S’il y a un moment dans la vie où nous devrions être égaux, c’est dans la mort. C’est donc important que nos morts ne soient pas enterrés anonymes et seuls. »
Depuis 1995, le Collectif les Morts de la rue réunit d’anciens habitants de la rue et des associations actives en ce domaine. Tous ensemble, ils prennent connaissance des décès survenus parmi les personnes sans-abri, ils en informent ceux qui les ont connus et ils font en sorte que les défunts soient enterrés dignement. Une fois par an, le collectif organise un hommage à tous les défunts de la rue.
La remise du Prix Régine Orfinger-Karlin met en lumière l’action du Collectif depuis 2005, pour accompagner 365 décès de personnes ayant vécu en rue. Evidemment, les statistiques sur 10 ans sont incomplètes, le Collectif « les morts de la rue » n’ayant pas connaissance de tous les décès des sans-abri. Notons toutefois que sur une année complète, le Collectif intervient pour la moitié des cérémonies d’adieu organisées, auxquelles certains membres de la famille ont parfois assisté. Le Prix remis mercredi soir permettra au Collectif bruxellois d’augmenter sa visibilité, notamment en créant un site internet.
Par ce choix, la Ligue des droits de l’homme montre la nécessité de résister aux atteintes à la dignité humaine, à l’image de Régine Orfinger-Karlin, femme avocate très investie dans la résistance pendant la deuxième guerre mondiale. « Merci de résister à l’indifférence au quotidien », concluait la représentante du Collectif « les Morts de la rue ».
Anne-Françoise de Beaudrap