Entre 5.000 et 10.000 personnes appartenant à la minorité yézidie sont toujours repliées en haut du Mont Sinjar, malgré l’aide des peshmergas kurdes qui tentent de briser leur encerclement par les terroristes de l’EI.
Complètement encerclées par l’organisation terroriste Etat islamique, les Yézidis tentent de survivre et veulent sauver leur terre. Ces quelques milliers de Yézidis sont les derniers à se battre encore contre Daesh (acronyme de l’organisation Etat islamique en arabe) dans la région où vivaient auparavant 300.000 à 400.000 membres de cette communauté pré-zoroastrienne mais aussi des Kurdes, des Turkmènes et des chrétiens. « On estime qu'il reste actuellement environ 7.000 personnes là-bas. La plupart d'entre elles sont sur le sommet du mont dont les djihadistes n'ont pas encore réussi à s'emparer, ainsi que dans quelques petits villages accrochés aux flancs de la montagne et que les combattants yézidis défendent jusqu'à présent », détaille Matthew Barber, doctorant du département des langues et civilisation Orientales de l'université de Chicago, spécialiste des Yézidis.
L'horreur a débuté le 3 août 2014, quand les djihadistes lancent l'assaut à différents endroits. Pour les Yézidis, qui ne sont pas considérés comme des « gens du Livre » et sont caricaturés à tort comme « adorateurs de Satan », aucun compromis n’est possible. Aux yeux des hommes de Daesh, ils doivent se convertir ou mourir.
Depuis, entre 700 et 1.500 yézidis ont été armés et formés avec le soutien de la communauté internationale. Selon l’envoyée spéciale de La Croix, les combattants peshmergas kurdes viennent de réussir à reconquérir la zone et à ouvrir les routes, libérant les yézidis.
Une religion menacée
Malgré l’ouverture de ce corridor, plusieurs milliers de personnes sont toujours coincées sur le sommet de la montagne. Les djihadistes lancent régulièrement des assauts sur le Mont, repoussés pour l'instant par les Yézidis et par les Kurdes aidés par des frappes aériennes épisodiques de la coalition. Le gouvernement irakien promet régulièrement d’envoyer des armes et les peshmergas kurdes répètent depuis quelques jours qu’ils sont prêts à lancer une grande offensive pour désenclaver la montagne et reprendre la ville de Sinjar.
En attendant, ceux qui restent encerclés vivent au gré des largages aériens de nourriture et de biens de première nécessité. Difficile de savoir exactement comment ces envois s’organisent et à quelle fréquence. Les missions aériennes permettent surtout de rapatrier des personnes hors de la zone encerclée. Les Kurdes ont ainsi déclaré en avoir exfiltré récemment quelques centaines.
Au-delà de la survie des quelque 7.000 personnes, un chiffre qui peut sembler peu élevé au regard des 2 millions de déplacés en Irak, c'est de la pérennité de la religion yézidi dont il s'agit. « L'endroit le plus sacré en Irak pour les Yézidis est le sanctuaire de Lalish, dans la province de Dohuk au Kurdistan. Mais Sinjar regroupe de nombreux lieux saints et surtout, c'était le plus important foyer de population yézidie du pays », souligne encore Matthew Barbe. Et le spécialiste de l'université de Chicago de conclure : « L’organisation État islamique a détruit systématiquement tous les tombeaux et sanctuaires dans les endroits qu'ils contrôlent. On peut même penser qu'une majorité des lieux de dévotion du yézidisme ont été détruit depuis août. Si le dernier carré lâche le Sinjar, cela met en danger la capacité de ce groupe à retrouver un jour un lieu où il puisse pratiquer sa foi, et continuer à exister en temps que communauté religieuse distincte. »
D’après La Croix et La Vie