Ce mercredi 12 novembre, une mosquée de Cisjordanie a été la cible d'un incendie, imputé par les habitants à des colons israéliens extrémistes, qui s'en seraient déjà pris à d'autres lieux de culte. Cet acte de vandalisme à portée religieuse s'inscrit dans un climat de plus en plus tendu qui prévaut, ces dernières semaines, entre Israéliens et Palestiniens.
L'incendie a pris avant la prière de l'aube dans la mosquée du village d'Al-Mougheir, non loin de la colonie israélienne de Shilo, en territoires occupés. Le feu a ravagé le premier étage de l'édifice, comme a pu le constater sur place un photographe de l'AFP.
Selon un responsable de sécurité palestinien, cet incendie serait le fait d'un groupe de colons israéliens extrémistes. Depuis des années, ce groupe, ainsi que des activistes d'extrême droite, se livrent sous le label "le prix à payer" à des agressions et des actes de vandalisme contre des Palestiniens, des Arabes israéliens, des lieux de culte musulmans et chrétiens, ou même l'armée israélienne. Ils signent généralement leur acte sur place par le label "le prix à payer", ce qui n'a pas été le cas à Al-Mougheir.
Une bouteille incendiaire a par ailleurs été lancée mardi soir vers une synagogue désaffectée de la localité arabe de Shfaram dans le Nord d'Israël, a indiqué une porte-parole de la police. L'engin n'a cependant fait que peu de dégâts.
Vers une troisième Intifada?
Cet incendie survient alors que la Cisjordanie occupée, mais aussi Jérusalem-Est et Israël sont en proie à des tensions qui se sont considérablement accrues ces dernières semaines. Cette nouvelle crise grave fait craindre une troisième Intifada, du nom des deux soulèvements populaires palestiniens qui ont fait des milliers de morts, de 1987 à 1993 et de 2000 à 2005.
Le mardi 11 novembre, un Palestinien de 22 ans, Imad Jawabreh, a été tué par des soldats israéliens au cours de heurts près d'Hébron. Et la veille, un Palestinien a mortellement poignardé une Israélienne de 26 ans, Dalia Lemkus, et blessé deux autres colons près du bloc de colonies de Goush Etzion, en Cisjordanie. Le même jour, un Palestinien de 17 ans a tué un soldat israélien à Tel-Aviv. Les jours précédents, deux autres attaques perpétrées à la voiture bélier par des Palestiniens avaient fait quatre morts à Jérusalem, outre leurs auteurs.
Depuis lundi, l'armée israélienne a déployé des renforts en Cisjordanie, notamment le long des routes empruntées par les colons. Malgré cela, le quotidien Maariv a fait état de 60 incidents pour la seule journée du 11 novembre. Face à cette situation, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé d'importantes mesures de rétorsion: déploiement de renforts, "démolition des maisons des terroristes, sanctions dures et renforcées contre ceux qui jettent des pierres (...), des engins incendiaires; amendes contre les parents des enfants ou des jeunes qui jettent des pierres; mise hors-la-loi des éléments qui attisent les troubles à Jérusalem".
Les violences, causées par une multitude de facteurs - occupation, colonisation, arrestations, brimades, chômage, etc. - sont catalysées à Jérusalem par l'inquiétude des musulmans que M. Netanyahu puisse autoriser les Juifs à prier sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, mais également lieu saint pour les Juifs.
Le chef de la diplomatie américaine John Kerry est attendu ce mercredi 12 novembre à Amman, en Jordanie, où il doit évoquer avec le roi Abdallah II la situation à Jérusalem. La Jordanie a la charge de la gestion de l'esplanade des Mosquées. Le lendemain, M. Kerry doit s'y entretenir avec le Président palestinien Mahmoud Abbas.
Notons enfin que, le samedi 8 novembre, la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, a plaidé pour un Etat palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale, lors d'une visite en Israël et dans les territoires palestiniens.
CH (avec AFP)
Photo (c) www.harissa.com
Légende photo: Jérusalem, vue sur la vieille ville