Barack Obama avait promis de prendre l’initiative face à l’inaction du Congrès: il a offert jeudi soir 20 novembre une régularisation provisoire à quelque cinq millions de clandestins, sur un total de 11 millions vivant aux Etats-Unis sous la menace d’une expulsion.
« Une amnistie de masse serait injuste. Des expulsions de masse seraient à la fois impossibles et contraires à notre caractère », a expliqué le président américain lors d’une brève allocution solennelle depuis la Maison Blanche, promettant un système « plus juste et plus équitable ».
A partir du printemps prochain, tout clandestin vivant depuis plus de cinq ans aux Etats-Unis, et ayant un enfant américain ou titulaire d’un statut de résident permanent, pourra demander un permis de travail de trois ans. « Ce n’est ni une garantie de citoyenneté ni un droit à rester ici de manière permanente », a cependant souligné M. Obama.
Les Etats-Unis compteraient 11,3 millions de personnes en situation irrégulière, soit environ 3,5% de la population totale. Ce nombre est en baisse depuis un sommet atteint en 2007, avec plus de 12 millions de sans-papiers, soit alors 4% de la population américaine. Les Mexicains constituent un peu plus de la moitié de ces illégaux. Leur nombre a toutefois baissé au cours des dernières années. Une baisse compensée par une hausse des ressortissants d’Amérique centrale, mais aussi d’Asie, d’Afrique et du Proche-Orient.
Les républicains ont immédiatement promis de combattre ces décisions présidentielles, au Congrès ou en justice. « Ce n’est pas comme cela que notre démocratie fonctionne », a tonné John Boehner, président de la Chambre des représentants. « Le président a dit qu’il n’était ni un roi ni un empereur, mais il se comporte comme s’il en était un ». Désormais majoritaires à la Chambre des représentants comme au Sénat, les républicains ne peuvent bloquer un décret présidentiel, mais ils disposent de nombreuses armes pour rendre les deux dernières années d’Obama à la Maison Blanche difficiles.
« Je n’ai qu’une réponse: votez une loi!« , a lancé le président Obama à ses détracteurs, assurant que ses décisions reposaient sur de solides bases légales et qu’elles s’inscrivaient dans la lignée de celles prises par tous ses prédécesseurs, républicains comme démocrates, depuis un demi-siècle.
A lire sur ce sujet, dans le journal La Croix, le témoignage de Rosa Robles Loreto. Visée par un ordre d’expulsion, elle vit depuis cent jours dans une église presbytérienne à Tucson, en Arizona.
MVL (avec La Croix et RTL info) – photo: portrait officiel de Barack Obama par le photographe de la Maison Blanche (Pete Souza), 2012