Depuis le 22 mai 1997, la Commission « Pastorale, nouvelles croyances et tendances sectaires » est mandatée par la Conférence épiscopale de Belgique et exerce ses activités en lien avec les évêques belges. Elle vient de publier une note reprenant les tâches actuellement jugées possibles, voire souhaitables pour assumer convenablement sa mission.
Afin de définir un cadre clair au sein duquel la Commission ‘Pastorale, nouvelles croyances et tendances sectaires’ puisse exercer ses activités, elle a soumis une note à la Conférence épiscopale reprenant les points de départ de son action et un aperçu des tâches entrant dans sa mission.
« Nous nous trouvons dans une situation de pluralisme religieux extrême tant en ce qui concerne l’offre que la demande. Beaucoup de religions, Eglises, mouvements religieux et pseudo-religieux proposent une voie de salut, une voie vers le divin, une doctrine et un mode de vie moral », mentionne la note. Elle donne l’exemple de Bruxelles où nombre de groupes sont aux mains de « marabouts » (cartomancie, voyance, horoscope…). « Si un discernement et un choix s’imposent, la demande peut se révéler très complexe et équivoque: on ne veut pas vraiment faire des choix mais rassembler par soi-même un amalgame de composantes religieuses et pseudo religieuses: c’est le phénomène de l’adhésion double ou multiple, souvent considérée comme une sûreté supplémentaire, ce sont les situations de détresse, les angoisses, les désirs irrationnels et les attentes des gens qui les poussent à se tourner vers les offres diverses du marché religieux, c’est la quête du bien-être physique et psychique », précise le texte, qui ajoute que la frontière entre le religieux et le non-religieux s’estompe.
La Commission rappelle qu’il existe différentes formes de discours à propos du phénomène des « sectes » et qu’il y a une distinction entre sectes hors de l’Eglise catholique et comportements plus ou moins sectaires dans certains mouvements d’Eglise. Elle précise que les théologiens assimilent les sectes à des groupes qui se sont séparés de l’Eglise-mère et qui adhèrent à des conceptions morales et doctrinales différentes (ce qui signifie que les sectes ont donc une connotation hérétique). Des « mouvements religieux » intérieurs à l’Eglise, reconnus par la hiérarchie, ne peuvent dès lors pas être appelés sectes.
« Dans le langage usuel, le mot ‘secte’ possède une connotation très péjorative. Les réactions très émotionnelles à la fameuse ‘liste des sectes’ du rapport de la Commission parlementaire, en sont une illustration très éloquente. En aucune manière on ne veut être affublé de ce nom. C’est pourquoi certains proposent de parler plutôt de ‘(nouveaux) mouvements religieux’ ou d’établir une distinction entre ‘sectes’ et ‘sectes nuisibles’. Mais peut-on modifier aussi arbitrairement cet usage linguistique? Le mot ‘secte’ possède actuellement une connotation négative qu’il conservera vraisemblablement. Il faut tenir compte de cette donnée linguistique », stipule encore le texte. Et d’insister sur le fait qu’il y a le discours des « non-croyants », de ceux qui se sont écartés de l’Eglise, des « athées combattants » pour lesquels bien des distinctions sont incompréhensibles ou inacceptables.
La Commission entend porter le débat sur la place publique. Elle doit tenir compte de ces différents modes de langage et bien réaliser à qui ils s’adressent. Pour la Commission, les non chrétiens ne voient pas toujours la différence entre les « mouvements religieux » et les « sectes » et ils seraient même portés à qualifier de sectaire toute forme de religiosité.
La Commission retrace alors ses différentes missions comme la mise à jour de la brochure pour les responsables pastoraux et l’organisation de sessions de formation pour les responsables pastoraux et le personnel enseignant. Elle mentionne ensuite les ressources internes à l’Eglise où les personnes peuvent obtenir une information.
La note aborde aussi les moyens de venir en aide aux victimes et à leurs familles pour laquelle sa mission est double: lorsqu’il s’agit d’un cas en dehors de l’Eglise, la Commission entend les plaintes et informe les concernés; quand il s’agit d’un cas à l’intérieur de l’Eglise, l’évêque diocésain ou le supérieur majeur des religieux est informé. L’évêque ou le supérieur majeur instruit alors un dossier ou il en charge la Commission. Alors l’instruction se fera en plusieurs étapes: recevoir des plaintes, les instruire, donner un avis aux parties impliquées après les avoir entendues. En cas de soupçon de délit, notification sera faite aux instances. Les autorités destinataires de l’avis de la Commission rendent compte du suivi donné à cet avis dans les deux mois. La Commission propose de mettre en place les structures nécessaires pour réaliser ces objectifs et trouver les personnes compétentes qui disposent du temps nécessaire, mais aussi de faire rapport à la Conférence épiscopale, tous les deux ans.
J.J.D.