François est attendu ce vendredi, à la mi-journée en Turquie pour son sixième voyage à l’étranger. Un déplacement sous les couleurs de l’œcuménisme puisqu’il répond à l’invitation du patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier.
Après Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, François sera le quatrième souverain pontife à visiter ce pays. Un voyage qui sera ponctué de rencontres officielles, mais dont le point culminant sera précisément la rencontre avec Bartholomée Ier, à l’occasion de la fête, le 30 novembre, de Saint-André, patron du christianisme oriental. Tout au long du voyage, le pape sera accompagné par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la congrégation pour les Eglises orientales et le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.
Le pape quittera Rome ce 28 novembre à 9h, pour arriver à Ankara aux environs de 13h. Il sera accueilli officiellement à l'aéroport et visitera ensuite le Mausolée d'Atatürk, pour un hommage simple à celui qui est considéré comme le père de la Turquie moderne.
François se rendra au palais présidentiel où aura lieu une cérémonie de bienvenue avec le président de la République Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre Ahmet Davutoglu et les autorités du pays. Le pape prononcera son premier discours, en italien.
A 16h, il rencontrera la présidence des affaires religieuses, qui est une autorité d’Etat, conduite par M. Mehmet Görmez. Le pape prononcera un deuxième discours.
Le lendemain matin, 29 novembre, il rejoindra en avion l’aéroport international Atatürk d'Istanbul aux environs de 10h30. Il visitera le Musée de Sainte-Sophie - l’ancienne basilique de la Sainte-Sagesse, inaugurée par Justinien en 585 - et la Mosquée du sultan Ahmet connue sous le nom de Mosquée bleue. Il sera accueilli par le grand Mufti d'Istanbul Mustafa Cagrici.
Rencontres tous azimuts
A la nonciature apostolique, le pape rencontrera une cinquantaine de représentants des quatre rites catholiques principaux présents en Turquie - latin, arménien, syriaque, chaldéen - avec lesquels il vivra une célébration liturgique.
A 15h est prévue une messe en la cathédrale du Saint-Esprit, en présence du patriarche Bartholomée Ier et d'autres représentants orthodoxes. Puis le pape participera à une brève prière œcuménique dans l'église patriarcale de Saint-Georges, à l'issue de laquelle il sera reçu en privé par le patriarche Bartholomée Ier au palais patriarcal.
Dimanche 30 novembre, troisième jour du voyage, il célébrera la messe en privé à la délégation apostolique. Il recevra également le grand rabbin de Turquie Isak Haleva.
A 9h30, une Divine Liturgie aura lieu en l'église patriarcale de Saint-Georges, pour la fête de saint André. Après la célébration à laquelle le pape assistera, il sortira vers 12h, accompagné par le patriarche de Constantinople, et tous deux béniront la foule depuis le balcon. Puis le pape signera une déclaration œcuménique conjointe avec le patriarche comme l'avaient fait ses prédécesseurs, Benoît XVI et saint Jean-Paul II, dans une salle du patriarcat.
Le pape déjeunera avec le patriarche à 12h30 avant de rejoindre aux environs de 14h la résidence pontificale. Son dernier rendez-vous sera pour les jeunes élèves de l'oratoire salésien, vers 15h45. Son départ de la Turquie est prévu à 17h (16h à Rome).
Œucuménisme et contexte régional
Lorsque le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, a présenté le programme de ce voyage apostolique en Turquie, il l’a clairement situé "dans la tradition des voyages des papes en Turquie et de leurs relations avec le patriarcat de Constantinople".
Dans le contexte régional actuel, cette visite de trois jours permettra sans doute au pape d’aborder, avec ses hôtes, la situation au Moyen-Orient, au nord de la Syrie et de l'Irak, à l'ouest de l'Iran. Le dialogue interreligieux devrait aussi occuper une place importante, dans un pays à majorité musulmane (98%). Par ailleurs, il s'agira d'encourager la petite communauté catholique. Toutefois, la tonalité du voyage sera surtout œcuménique, car il se déroule à l'invitation du patriarche Bartholomée Ier, avec lequel le pape entretient un dialogue amical, basé sur des relations fréquentes. Il se sont, en effet, rendus ensemble en Terre Sainte en mai dernier et ont vécu côte à côté la prière pour la paix du 8 juin dans les Jardins du Vatican, avec le président israélien Shimon Pérès et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Reste à savoir comment ce voyage est-il perçu dans ce pays très majoritairement musulman? Quelles sont les attentes de la petite communauté catholique? D’après l’envoyée spéciale du journal La Croix à Istanbul, si les médias en parlent en des termes bienveillants, l’homme de la rue ignore tout de la visite du pape François ou s’en désintéresse. Il n’y a aucun signe visible. Deux raisons peuvent expliquer ce "désintérêt" éventuel. D’une part, la Turquie, bien qu’Etat officiellement laïc, s’islamise petit à petit, et d'autre part, le contexte régional, avec la guerre aux frontières du pays, complique les rapports d’Ankara avec l’Occident. Le pays doit aussi gérer l’afflux massif des réfugiés qui pèse lourd sur son économie.
J.J.D.