Signée le 20 novembre 1989, la Convention internationale des droits de l’enfant fête aujourd’hui ses 25 années d’existence.
Sur les 197 pays reconnus par les Nations Unies, 194 ont signé et ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). La Somalie et les Etats-Unis l’ont signée mais tardent à la ratifier tandis que le Soudan du Sud ne l’a ni signée ni ratifiée.
Longue de 54 articles et de deux Protocoles facultatifs, la CIDE énonce les droits fondamentaux des enfants. Y sont abordés les thèmes de la famille, de la non-violence, de la subsistance alimentaire, de maltraitance et de l’exploitation, de la survie, du droit à l’instruction, à la liberté religieuse, etc. La CIDE s’articule autour de 4 principes fondamentaux: la protection, la survie, l’éducation et la participation de tous les enfants. « Tous les droits reconnus dans la Convention sont inhérents à la dignité humaine et au développement harmonieux de chaque enfant. La Convention protège les droits des enfants en fixant des normes en matière de soins de santé, d’éducation et de services juridiques, civils et sociaux », rappelle Unicef.
Des droits bafoués, même en Belgique
Bien qu’elle soit la Convention la plus ratifiée dans le monde, preuve de sa légitimité, elle n’est toutefois pas respectée partout. Certes, il y a eu des avancées, mais les atteintes aux droits de l’enfant sont encore nombreuses à travers le globe. Interrogée dans le Forum de Midi sur La Première, Maud Dominicy, chargée des Droits de l’Enfant pour Unicef Belgique, tire la sonnette d’alarme. « Il y a urgence (…) de faire de ces droits une véritable réalité en Belgique et dans le monde. »
En ce qui concerne l’application de cette Convention, « la Belgique n’est pas absente de tout reproche », a dénoncé Bernard De Vos, Délégué général aux droits de l’enfant, sur les ondes de la RTBF. Il pointe du doigt la situation de pauvreté d’un grand nombre de nos enfants et la situation des enfants migrants. Les enfants porteurs de handicap sont également les plus vulnérables chez nous ainsi que les enfants confrontés à la justice. L’échec scolaire, la violence, l’accès aux soins de santé sont des problèmes récurrents rencontrés chez ces jeunes fragilisés.
« Certaines sociétés peuvent régresser en matière de respect des droits de l’enfant. On l’observe en Europe avec la crise économique et la précarisation des familles. Ainsi, la Belgique a perdu six ans de progrès en ce qui concerne les enfants vivant avec un risque de pauvreté! C’est une dégradation très importante », déplore dans les colonnes du Soir Benoît Melebeck, porte-parole d’Unicef Belgique.
Une école en phase avec son siècle
En matière de droits de l’enfant, l’école a un grand rôle à jouer. Cette institution qui apprend la vie n’impose pourtant pas l’enseignement des droits de l’enfant dans son programme scolaire. Bernard De Vos explique que l’école est elle-même un haut lieu de discrimination. Elle est d’ailleurs l’objet de nombreuses plaintes déposées par les parents et les enfants.
« Il y a un problème de tout le secteur scolaire et ce sont les enfants de milieux vulnérables qui en souffrent le plus », affirme Dominique Visée, présidente d’ATD Quart Monde Belgique. « On se moque toujours du même enfant, qui est mal habillé, qui ne sait pas répondre », etc. Maud Dominicy (Unicef) va dans le même sens et regrette que « l’éducation ne joue pas son rôle d’ascenseur social. (…) Il faut changer fondamentalement le système pour qu’il soit équitable pour tous les enfants. » Une affirmation qu’a également défendu Bruno De Vos sur les ondes de La Première: « indépendamment de la qualité, du bon vouloir des enseignants, des directions d’école, le système est un système d’un siècle qui s’est éteint et il faudrait vraiment rentrer dans une école du nouveau siècle dans laquelle la participation est la bienvenue, une école contemporaine. »
Ce sont surtout les Etats et les décisions politiques qui influencent la volonté de faire respecter les droits des enfants. Or dans la législation, il y a les droits, certes, mais surtout des devoirs. « Or, on sait que les enfants respectés ont tendance naturellement à respecter leurs devoirs. Ce sont les jeunes dont les droits sont bafoués, qui sont sans cesse rabaissés, qui ne respectent pas leur société », martèle Bruno De Vos dans Le Soir. « Les droits de l’enfant constituent un moteur de changement d’une société: respectons nos enfants, donnons-leur le bagage nécessaire à leur épanouissement et nous nous garantissons des adultes respectueux de la société. »
S.T. (RTBF/Unicef/Le Soir)
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