Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres, l’Emissaire du HCR, Angelina Jolie ainsi que 20 célébrités et leaders d’opinion ont publié ce mardi 4 novembre une lettre ouverte expliquant que, 60 ans après que les Nations Unies aient convenu d’assurer une protection aux apatrides, « il est désormais temps d’éradiquer l’apatridie elle-même. » Objectif visé: l’éradication complète d’ici 10 ans.
Au moins 10 millions de personnes dans le monde sont actuellement apatrides et un bébé apatride naît toutes les 10 minutes. Dépourvus de nationalité, les apatrides sont privés de l’ensemble des droits et services que les pays accordent normalement à leurs citoyens. « L’apatridie peut signifier une vie sans éducation, ni soins de santé ou emploi formel… une vie sans liberté de mouvement, sans espoir ni perspective d’avenir », peut-on encore lire dans la Lettre ouverte, signée notamment par l’archevêque émérite Desmond Tutu.
La plupart des cas d’apatridie s’accompagnent d’une discrimination fondée sur l’origine ethnique, la religion ou le genre. De plus, 27 pays refusent aux femmes le droit de transmettre leur nationalité à leurs enfants dans des conditions d’égalité avec les hommes. Cette situation induit la transmission de l’apatridie de génération en génération. Il existe également un lien très concret entre l’apatridie, le déplacement de populations et la stabilité régionale.
La campagne du HCR est lancée dans un contexte de changement d’attitude au niveau international au sujet de l’apatridie. Il y a seulement trois ans, à peine 100 Etats avaient adhéré aux Conventions sur l’apatridie. Aujourd’hui, ils sont 144. Toutefois, malgré ces progrès, de nouveaux risques d’apatridie ont émergé à cause de l’apparition de nouveaux conflits. Les guerres en République centrafricaine et en Syrie ont, par exemple, forcé des millions de personnes au déplacement interne ou à devenir des réfugiés.
L’enregistrement des enfants, une priorité
Des dizaines de milliers d’enfants réfugiés sont nés en exil. Le HCR travaille étroitement avec les gouvernements et ses partenaires dans les pays accueillant des réfugiés pour que l’enregistrement de la naissance de ces enfants soit une priorité.
Dans certains pays, les problèmes relatifs à l’apatridie demeurent des sources de controverse au niveau politique alors que, dans d’autres, il suffit parfois de changer quelques termes dans la législation du pays sur la citoyenneté. Durant cette dernière décennie, des changements aux niveaux législatif et politique ont permis à plus de quatre millions d’apatrides d’acquérir une nationalité ou de faire confirmer leur nationalité, notamment au Bangladesh, en Côte d’Ivoire et au Kirghizistan.
La nouvelle campagne du HCR a été lancée en collaboration avec la firme United Colors of Benetton. Et d’ici peu, une pétition sera lancée en soutien à ce projet d’éradication totale de l’apatridie.
A.T.