Un Christ glabre aux cheveux courts et vêtu d’une toge: gravée sur une patène en verre datant du 4e siècle, cette image atypique, l’une des plus anciennes du christianisme, a été découverte en Espagne.
Ce petit plat, utilisé pour recevoir le pain béni destiné à l’eucharistie, est visible depuis le 1er octobre au musée archéologique de Linares en Andalousie. Il a été reconstitué fragment par fragment, par une équipe d’archéologues trois ans durant. Cette patène avait été découverte sous les ruines d’un bâtiment destiné au culte religieux dans le site archéologique de Castulo, ancienne cité ibéro-romaine du sud de l’Espagne.
Ce n’est qu’en juillet, lorsqu’on a découvert des morceaux de plus grande taille qui ont permis de mieux observer «les motifs qui les ornaient», que l’équipe a réalisé qu’il s’agissait «d’un document archéologique exceptionnel», explique à l’AFP le chef du projet, Marcelo Castro. Les patènes étaient alors faites en verre et non en métal précieux, comme ce fut le cas plus tard, expliquent les archéologues. Après avoir consulté des experts en verre ancien en Espagne, Italie et en Grèce, l’équipe a conclu que la patène a été confectionnée « à Rome, sans aucun doute, peut-être à Ostie, où l’on sait que se trouvaient les ateliers des verriers de l’époque », a précisé Marcelo Castro. Le dessin suit un style artistique archaïque, typique d’une époque où le christianisme sortait à peine de la clandestinité et l’imagerie chrétienne encore très rare.
Une fois assemblés, les fragments ont redonné vie à une patène en verre, de 22 centimètres de diamètre et quelque 4 centimètres d’épaisseur, qui a pu être reconstituée à 80%, explique l’archéologue. Sur sa surface apparaît l’image gravée de trois personnages coiffés d’une auréole: au centre un Christ imberbe, aux cheveux courts et frisés, soutient une grande croix dans une main et une bible ouverte dans l’autre. Deux apôtres l’entourent. Il pourrait s’agir de Pierre et Paul, selon les chercheurs.
La plus ancienne représentation connue du Christ est un graffiti injurieux du IIe siècle retrouvé sur un mur de la colline du Palatin, à Rome, représentant un chrétien levant les bras en signe de prière, de louange, selon l’habitude des premiers chrétiens devant un homme crucifié avec une tête d’âne, censé représenter le Christ.
D’après La Croix avec AFP