Voici 70 ans, le doyen de Charleroi, Pierre Harmignie, et dix-huit autres otages étaient assassinés à Courcelles par les rexistes. Comme chaque année, un hommage leur a été rendu.
Des policiers, des médecins, un architecte, un avocat, un greffier, un secrétaire de mutuelle… En arrêtant ces personnes au soir du 17 août 1944, les rexistes avaient prouvé qu’ils voulaient frapper vite et fort: ils agissaient en représailles de l’assassinat, quelques heures plus tôt, du bourgmestre de Charleroi, de sa femme et de leur fils. Dès l’après-midi, d’ailleurs, ils avaient déjà semé la mort et la terreur en tuant huit personnes et en incendiant des maisons et des bâtiments publics.
Parmi les 21 otages arrêtés le soir et enfermés toute la nuit dans la cave d’une maison située à deux pas de l’endroit de l’assassinat du bourgmestre, une figure se dégage: celle du chanoine Pierre Harmignie, curé-doyen de Charleroi. C’est lui qui aida ses compagnons à se préparer à la mort. Au petit matin du 18 août, ils furent en effet exécutés, et le prêtre en dernier. Seuls deux d’entre eux furent épargnés.
15 hommes et 4 femmes
Ce lundi 18 août 2014, les autorités civiles et religieuses ont une nouvelle fois voulu commémorer cette tragédie, septante ans après. La bourgmestre de Courcelles, Caroline Taquin, et l’évêque de Tournai, Mgr Harpigny, ont rappelé à plusieurs reprises le nom des 19 victimes. Une sinistre énumération que l’on a entendue lors de la séance académique à l’église St-Luc de Courcelles-Forrière, au dépôt de gerbes au monument aux martyrs et durant l’eucharistie concélébrée dans le jardin de la maison où les victimes passèrent leur dernière nuit.
Citons-les encore ici: Charles Brogniez, Joseph Bureau, Léon Coton, Paul Coton, Raymond Delvaux, Marguerite Depasse, Elisabeth De Ridder, Oscar Deulin, Léon Gilles, Pierre Harmignie, Roger Hoslet, Edmond Huberland, Louis Jasmes, Suzanne Lebas, Augusta Longneaux, Léonce Mayence, Victor-François Michel, Auguste Nolard, Arthur Stilmant.
A Charleroi après Courcelles
Durant deux jours, l’église de Courcelles a accueilli une exposition en deux volets. Des textes, des photos et autres documents retraçaient par le menu ces heures tragiques, sans oublier d’évoquer les suites, avec le procès et la condamnation des tueurs, et l’hommage grandiose rendu au chanoine Harmignie lors de ses funérailles nationales. L’autre partie de l’exposition se voulait contemporaine, avec des photos prises en différents lieux de la planète où des hommes souffrent et luttent. « Qui êtes-vous, hommes et femmes du 21ème siècle? », a résumé l’actuel doyen de Charleroi Luc Lysy. Cette exposition sera à nouveau visible en octobre, à la Basilique de Charleroi, dans le cadre d’une veillée organisée pour les 70 ans des funérailles officielles du doyen Harmignie.
« Le devoir de la mémoire nous invite à nous retrouver », avait dit l’abbé Claude Musimar, responsable de l’unité pastorale de Courcelles, lors de la séance académique. C’était bien le sentiment de tous les participants à cette journée du souvenir…
Diocèse de Tournai