Soudan du Sud : les enfants délibérément pris pour cible


Partager
Soudan du Sud : les enfants délibérément pris pour cible
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Soudan du sud - famineAu Soudan du Sud, les sanctions infligées aux chefs militaires par les Etats-Unis et l’Union européenne ne semblent pas avoir eu d’effet. La situation devient incontrôlable et les civils sont les premiers touchés. Pire, une enquête de l’Union africaine démontre que les enfants sont délibérément ciblés.

Il est une guerre "oubliée" dans cet été meurtrier sur le plan humanitaire: celle qui ravage le Soudan du Sud. Pour rappel, en janvier dernier, le vice-président du tout jeune état sud soudanais, Riek Machar se retournait contre le président Salva Kiir. Leur querelle pour le pouvoir s’est aussitôt répandue sur le terrain. Armée et mutins s’affrontent, mais les combats ne concernent pas que les soldats: les tribus Nuers, dont est originaire Rieck Machar, et Dinkas, dont est originaire Salva Kiir, se massacrent. Dans le pays, les tensions ethniques sont exacerbées. Partout des milices hétéroclites fleurissent divisées en tribu.

Si la saison des pluies a ralenti les combats à grande échelle ces derniers mois, des massacres sont toujours en cours. Impossible de savoir combien les combats ont fait de morts: des milliers, voire des dizaines de milliers. Les civils sont les premiers touchés. Une enquête conduite par l’Union africaine affirme que les enfants, et même les bébés, seraient délibérément ciblés, tués ou enlevés. En seulement une semaine, les 11 enquêteurs de l’UA ont découvert les corps de 490 enfants dans une fosse commune de la ville de Bor. Toujours à l’est, 900 enfants ont été enlevés dans l’état de Jonglei. En avril, la Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme parlait déjà de 9.000 enfants recrutés comme combattants.

50.000 enfants pourraient mourir de faim ou de maladie cette année

Des générations broyées par la guerre et bientôt la famine. Plus de 50.000 enfants sont à risque. Fin juillet, le Conseil de sécurité a estimé que la situation alimentaire au Soudan du Sud était désormais "la pire au monde", exhortant les pays donateurs qui s'étaient engagés en mai à verser plus de 618 millions de dollars US lors d'une conférence à Oslo à "tenir leurs engagements et à augmenter leur contribution".

Vendredi 8 août, le Conseil de sécurité de l’ONU a par ailleurs dénoncé les récentes attaques de Bunj au nord-est du pays. Les 15 membres du Conseil de sécurité ont brandi d’une seule voix la menace de sanctions ciblées, si les partis en guerre ne respectent pas les accords qu’ils ont pris, à commencer par la formation d’un gouvernement provisoire d’unité nationale. On l’attend toujours, alors qu’il était prévu pour le 10 août.

Par ailleurs, après la mort de 6 humanitaires, les 200 membres étrangers de l’ONU sur place ont été évacués par 117 casques bleus. Ils aidaient quelque 127.000 réfugiés depuis plus de trois ans.

Autre cible mais cette fois de l’Etat: les médias. Plusieurs journaux, Almajhar, Juba Monitor ou Citizen, ont été saisis ou fermés par les services de Sécurité nationale. Des journalistes ont été jetés en prison, selon l’ONG Human right Watch. Il est désormais impossible d’interviewer les chefs rebelles, de dénoncer les violations des droits de l’homme ou de parler fédéralisme, peut-être la seule option pour que la paix revienne...

En attendant, un pays se meurt, une population est oubliée et les souffrances sont immenses.

Radio Vatican/J.J.D.

Catégorie : International

Dans la même catégorie