En ce moment, la planète est bouleversée par quatre crises humanitaires majeures. La Syrie, la Centrafrique et le Sud-Soudan figuraient déjà parmi la liste des pays ayant besoin d’une intervention humanitaire urgente. L’Irak vient de compléter la liste établie par l’ONU.
Kristalina Georgieva, la Commissaire européenne sortante aux Affaires humanitaires tire enfin la sonnette d’alarme en Irak et qualifie de "gigantesque" l’ampleur des crises humanitaires qui déchirent aujourd’hui la planète. Elle a avoué n’avoir jamais connu de "contexte aussi délicat" depuis les cinq années où elle a travaillé en tant que commissaire à l’aide humanitaire. Dans une interview accordée au journal Le Soir, la députée européenne a avoué craindre que "le pire pourrait encore venir" pour certaines populations. "Je pense à la Corne de l’Afrique ou au Sahel, où les populations sont déjà très vulnérables et le seront encore plus avec les changements climatiques", a-t-elle confié.
La commissaire a affirmé que l’aide humanitaire apportée par la Commission européenne en Ukraine et en Irak avait augmenté de plusieurs millions d’euros. En Irak, la Commission européenne travaille étroitement avec le Comité international de la Croix-Rouge qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les civils. Une protection très difficile à assurer dans les zones tombées sous le contrôle des extrémistes islamistes, poursuit Kristalina Georgieva. La commissaire s’est avouée très inquiète du "rejet total d’humanité" de la part de l’Etat islamique qui ne permet aucun accès pour "assurer [une] aide humanitaire pourtant élémentaire." Les aides humanitaires se concentrent dès lors sur les populations réfugiées et déplacées en dehors des zones à risque.
Soutenir les sunnites, les chiites et les Kurdes
La solution au conflit est plus que jamais politique, dans un pays qui éprouve de multiples difficultés à mettre en place un nouveau gouvernement. "Manifestement, les divisions sont très profondes et il n’y a pas encore de résultat. Pourtant, il faut trouver un moyen pour soutenir à la fois les sunnites, les chiites et les Kurdes. Pour les faire vivre ensemble en Irak, sans quoi ce sera très difficile de mettre fin aux combats", insiste la commissaire européenne. Elle rappelle que les humanitaires sont limités dans leurs actions et qu’une intervention militaire et politique n’entre pas dans le domaine de compétence de cette commission.
Une intervention politique est en effet du ressort du Haut Représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton. Pourtant, Kristalina Georgieva pourrait bientôt succéder à Mme Ashton à la tête de la diplomatie européenne puisqu’elle a été portée candidate par le gouvernement bulgare. "Qui que ce soit qui devienne Haut Représentant, (…) j’espère que cette personne prendra à cœur l’augmentation des instabilités dans le monde. Le monde a changé, il est plus fragile. Il a besoin de plus de coopération internationale, pas du contraire !" a-t-elle conclu.
S.T. (d’après Le Soir)
