Le conflit israélo-palestinien a éclipsé une autre guerre, qui se situe à nos portes : celle qui divise l’Ukraine. Avec en toile de fond une tension entre Eglises orthodoxes. De leur côté, les évêques catholiques ukrainiens appellent à la paix.
La Conférence des évêques de l’Eglise catholique d’Ukraine a exprimé son « indicible tristesse » et son « anxiété » à propos des violents combats en cours dans l’Est du pays, « qui emportent des vies humaines, en particulier celles de jeunes ». Dans leur message, les évêques ajoutent : « Au nom du clergé et des laïcs de l’Eglise catholique d’Ukraine, nous présentons nos condoléances aux parents et aux amis des victimes », de la ville de Zelenopillia et d’autres localités. « Dans la douleur nous nous mettons à genoux devant ceux qui qui ont donné leur vie pour la défense de la patrie ».
Les évêques affirment cependant que « Dieu, même dans les situations les plus complexes et imprévisibles, est en mesure d’agir pour notre bien ». Ils s’en remettent ensuite à Vierge Marie, priant « la Mère de la paix et de la réconciliation pour la cessation des hostilités en Ukraine » et là où les tensions « sont résolues avec des moyens militaires ».
Malgré les combats, indiquent enfin les responsables religieux, beaucoup de fidèles du rite latin entreprennent des pèlerinages vers des lieux saints de l’Ukraine, comme Letychev, Berdichev, ou Bilshivtsi, « en priant le Seigneur pour une vie de grâce dans la vérité, dans la paix, dans la compréhension et dans le pardon, pour chaque habitant de notre pays et pour nos voisins ».
Ce message n’est pas le premier appel à la paix de la part de responsables catholiques ukrainiens. Réunis du 4 au 6 juin dernier à Kiev, des membres du synode permanent des évêques de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne avaient exhorté les fidèles de leur pays à continuer de « prier pour la paix et la réconciliation basée sur la justice ». Ils avaient également plaidé en faveur du dialogue, « seul moyen légitime pour résoudre la crise politique et sociale ».
Tensions ravivées entre Moscou et Kiev
La déclaration des évêques catholiques intervient alors que les négociations ont bien du mal à reprendre. Des incidents ont eu lieu à la frontière russe. Moscou accuse Kiev d’incursion militaire et l’Ukraine soupçonne son voisin d’agir en sous-main auprès des séparatistes et d’être à l’origine du tir ayant abattu l’un de ses avions de transport. En juin, un autre avion ukrainien avait été abattu dans des circonstances similaires, tuant 49 militaires. Kiev s’interroge aussi sur l’origine des missiles Grad qui, tirés vendredi par les rebelles, ont tué 23 soldats.
Moscou, pour sa part, dénonce la chute dimanche d’un obus dans une ville russe près de l’Ukraine, interprétée comme une incursion sur son territoire. Cet incident frontalier, inédit depuis le début du conflit, a fait un mort. Kiev a démenti tout tir sur le territoire russe.
À Moscou, le ministère des Affaires étrangères a dénoncé un « acte d’agression supplémentaire de l’Ukraine », mis en garde contre des « conséquences irréversibles dont l’Ukraine portera la responsabilité » et lancé un clair message : Moscou « se réserve le droit de prendre les mesures nécessaires ». De là à imaginer que Vladimir Poutine pourrait utiliser ces derniers incidents pour justifier une intervention, il n’y a qu’un pas que certains craignent de voir franchir.
Très discret depuis que les troupes ukrainiennes ont repris le contrôle d’une partie de l’est du pays, le président russe semble vouloir privilégier la solution diplomatique. Après une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel, en marge de la finale du Mondial à Rio, il a appelé à la « reprise d’urgence des réunions du groupe de contact » orchestré par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Ces réunions entre représentants de Kiev et Moscou, avec la participation des rebelles, pourraient se faire sous forme de visioconférences. Dès mercredi, des observateurs de l’OSCE sont attendus sur la frontière près de laquelle, selon l’OTAN, la présence de l’armée russe vient de se renforcer.
Nouvelles sanctions occidentales à l'égard de la Russie ?
Par ailleurs, les Etats-Unis ont laissé entendre qu'ils pourraient durcir unilatéralement leurs sanctions contre la Russie si l'Union européenne ne les suivait pas dans leur démarche, destinée à faire plier Moscou sur l'Ukraine.
Une source diplomatique a toutefois expliqué mardi soir que de nouvelles sanctions européennes contre la Russie et les séparatistes prorusses semblaient "très probables" lors du sommet européen. Ces mesures pourraient comprendre le gel des programmes menés en Russie par la Banque européenne d'investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.
(Avec agences)