Soudan du Sud : un drame humanitaire en vue !


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Soudan du Sud : un drame humanitaire en vue !
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
5 min

12-17-2013-Civilian-UNMISSTrois décès d’enfants par jour et 50.000 autres en danger à cause de la dénutrition, des maladies et des conflits ethniques. Telle est la situation au Soudan du Sud, déchiré par une guerre civile. Pour l’Unicef, il y a urgence !

En moyenne trois enfants meurent chaque jour et un sur sept avant de fêter son 5ème anniversaire à cause de la grave crise humanitaire à laquelle est soumis le plus jeune pays de la planète. Après trois ans d’indépendance du Soudan du Sud, le 9 juillet 2011, la population vit dans des conditions désespérées. Depuis le début du conflit, en décembre 2013, quelque 1,5 million de sud-soudanais ont abandonné leurs maisons dont 400.000 en direction de l’Ouganda, de l’Ethiopie et du Kenya. En l’absence d’une augmentation immédiate des aides humanitaires, 50.000 enfants pourraient mourir de malnutrition. Actuellement, plus de 7 millions de personnes, soit les deux tiers de la population du pays, vivent dans un état de totale insécurité alimentaire. Ces chiffres effrayants ont été rendu public par l’ONG espagnole Acción Contra el Hambre .

Au cours de la seule année 2013, ACH a soigné 27.000 enfants pour dénutrition aigue. Par ailleurs, l’UNICEF a déclaré que les morts parmi les enfants de moins de 5 ans ont augmenté de 18 à 24 par semaine à Bentiu, un campement de la Mission des Nations unies dont la qualité des services sanitaires s’est détériorée à cause des vagues continuelles d’évacués. ACH a mis en place une équipe d’urgence nutritionnelle dans le but d’établir un programme thérapeutique sans hospitalisation en collaboration avec d’autres organisations pour assister les évacués et fournir de l’eau potable aux 47.000 sud-soudanais présents dans le camp de Bentiu ainsi qu’un minimum d’hygiène à 189.000 personnes, outre à offrir un soutien à plus de 80.000 personnes.

En ce qui concerne l’instruction, 9 enfants sur 10 n’achèvent pas l’école primaire et 84% des femmes ne savent ni lire ni écrire. Seuls 40% ont accès aux services médicaux et 32% ne disposent pas d’eau potable. Au cours du mois de mai, dans la capitale, Yuba, une épidémie de choléra s’est déclenchée. L’alarme s’est déjà étendue à 9 Etats sur 10 et le nombre total des cas au 2 juillet avait dépassé les 2.600 dont 54 morts. Les résultats du sondage conduit par ACH à Leer, dans l’Etat d’Unité, font état d’un taux de dénutrition aigue de 34%, sachant que le seuil d’urgence établi par l’OMS est de 15%.

Il est temps d’agir !

Dans une tribune publiée le 9 juillet par La Libre, Yves Willemot, directeur général d’Unicef Belgique, ne mâche pas ces mots, face à la non-intervention de la communauté internationale face à ce drame humanitaire. « Dans l’indifférence générale, 50 000 enfants du Soudan du Sud mourront d’ici la fin de l’année. Le Mondial, c’est malheureusement fini pour nous, les Belges. Et c’est peut-être une bonne chose pour eux. Grand amateur de foot, je suis en effet inquiet de voir combien la fête du ballon rond jette aux oubliettes le reste de l’actualité. Une actualité d’une importance infiniment plus grande qu’un match, quel que soit l’enjeu financier de celui-ci ».

Pour Yves Willemot, l’actualité d’aujourd’hui, c’est le Soudan du Sud. « J’étais la semaine dernière au Soudan du Sud, en mission pour l’Unicef. La situation y est dramatique. Ce pays accumule les plus mauvais indicateurs économiques et sociaux. Un enfant sur neuf meurt avant d’avoir atteint son cinquième anniversaire. Chaque jour, 16 mamans y meurent en couche », écrit-il. Et de marteler : « Le Soudan du Sud est un enfer. Nul ne peut plus l’ignorer. Il est plus que temps d’agir ».

Pour le directeur d’Unicef Belgique, la communauté internationale doit immédiatement contraindre les parties au conflit à mettre fin à la violence. « Sans véritable cessez-le-feu, les opérations humanitaires sont hasardeuses, difficiles voire impossibles ». Il insiste sur la nécessité d’avoir davantage de moyens pour intensifier et élargir l’action humanitaire. « Cessons de fermer les yeux. Nous savons comment agir. Des centres nutritionnels doivent être installés dans tout le pays. Les mamans et les enfants dénutris y recevront les soins adéquats. C’est simple, efficace et peu coûteux ».

De fait, l’actualité estivale occulte totalement ce drame. Certes, l'Union Européenne (UE) a décidé jeudi d'imposer des sanctions à deux chefs militaires du Soudan du Sud, pour leur responsabilité dans la poursuite des hostilités entre les deux factions qui se disputent le pouvoir dans ce nouvel Etat.

Ces deux personnes sont responsables de violation de l'accord de cessez-le-feu et seront soumises à un gel des avoirs et une interdiction de visas, a indiqué un communiqué du Conseil de l'UE, qui représente les gouvernements européens. L'UE leur impute aussi d'être responsables d'atrocités.

Avec ces sanctions, qui doivent entrer en vigueur vendredi, le Conseil ne prend pas partie entre les deux camps en conflit, a indiqué une source européenne. L'UE maintient également son embargo sur les armes, a ajouté le Conseil.

Mais, ces sanctions paraissent bien ridicules face à la situation catastrophique ! A quand un réveil de la communauté internationale ?

Pour rappel, des combats opposent depuis le 15 décembre dernier, l'armée loyale au président Salva Kiir à une rébellion menée par son ancien vice-président Riek Machar. Le conflit a chassé de chez eux 1,5 million de Sud-Soudanais et fait des milliers, voire des dizaines de milliers, de morts.

Les deux camps ont commis des atrocités sur des bases ethniques, selon de multiples sources, et les organisations humanitaires ont prévenu que le pays est au bord de la famine.

Les deux parties avaient signé un accord de paix le 9 mai, mais aucun cessez-le-feu n'a jamais été respecté.

J.J.D. (avec Zenit)

(c) Photo: www.un.org


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