Le FMI revoit la croissance mondiale à la baisse pour 2014


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Le FMI revoit la croissance mondiale à la baisse pour 2014
Par Jean-Jacques Durré
Publié le
4 min

FMIAlors que l’on tablait sur une timide reprise économique, le Fonds Monétaire International (FMI) dresse une carte de la croissance mondiale en demi-teinte, compte tenu des risques géopolitiques et des carences de l’investissement public dans le monde.

Dans sa dernière mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale, le FMI explique que la reprise économique a continué mais à un rythme irrégulier et que des aléas négatifs subsistent. Les pouvoirs publics doivent poursuivre leurs efforts pour assurer une croissance plus vigoureuse.

Le Fonds Monétaire International a donc abaissé sa prévision de croissance mondiale pour cette année. L’institution dirigée par la française Christine Lagarde pense que de « mauvaises surprises » économiques viendront des États-Unis ou de Chine, sans oublier l’aggravation des « aléas géopolitiques » en Ukraine et au Moyen-Orient. En Europe, la faiblesse de l’inflation peut aussi constituer « une menace », si elle se prolonge trop, explique le FMI.

Les experts de Washington estiment désormais que le produit intérieur brut (PIB) du globe devrait progresser de 3,4 % cette année, en recul de 0,3 point par rapport aux projections annoncées en avril. L’an prochain devrait afficher une accélération à + 4,0 %.

La situation aux Etats-Unis n’a guère été positive, en raison de l’hiver rigoureux qui a paralysé l’activité et conduit, au premier trimestre, à la plus forte contraction économique du pays en cinq ans. En conséquence, le FMI ne table plus que sur une croissance outre-Atlantique « décevante » de 1,7 % en 2014, en chute de 1,1 point par rapport aux prévisions d’avril.

Les économistes américains se demandent aujourd’hui si le potentiel de croissance d’avant la crise déclenchée en 2007 pourra être un jour retrouvé. Au début des années 2000, la croissance pouvait atteindre 3,5 % par an – quand les capacités de production tournaient à plein régime –, un pourcentage qui semble réduit de moitié actuellement.

Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a déjà plusieurs fois lancé l’alerte : les États-Unis font partie des pays nécessitant de gros investissements publics d’infrastructures, « ce qui stimulerait la création de richesses. » Investissements matériels… et immatériels, dans l’éducation et la formation de la population active.

L’autre moteur de l’économie mondiale, la Chine, a vu sa demande intérieure fléchir « plus que prévu », indique le FMI, qui revoit à la baisse de 0,2 point sa prévision pour le pays (7,4 %).

Cette révision demeure très légère grâce aux mesures de soutien prises par le gouvernement chinois. Le ralentissement se confirmera malgré tout l’an prochain, à 7,1 %. L’économie se calera « progressivement sur une trajectoire plus tenable », commente le FMI.

Mais ce qui inquiète le FMI, c’est la situation dans les pays émergents. Ceux-ci ont connu une croissance économique importante durant plusieurs années, mais l’atterrissage semble aujourd’hui brutal. Le FMI revoit franchement en baisse ses perspectives pour le Brésil (– 0,6 point à 1,3 % en 2014 et 2,0 % en 2015), l’Afrique du Sud (– 0,6 point à 1,7 % en 2014) et la Russie (– 1,1 point à 0,2 % en 2014 et – 1,3 point à 1,0 % en 2015.

« Les pays émergents – en particulier ceux qui ont des faiblesses intérieures et des vulnérabilités extérieures – pourraient se heurter à une brusque dégradation des conditions financières et à des reflux de capitaux en cas de changement d’humeur des marchés financiers », ajoute le Fonds. Et de pointer la spécificité russe : « L’activité a nettement ralenti en Russie, car les tensions géopolitiques ont encore affaibli la demande ».

Source récurrente de préoccupations pour le FMI, la zone euro voit sa prévision inchangée à 1,1 %, même si l’institution continue à mettre en garde contre la faible inflation dans la région.

Les cartes se redistribuent dans la zone euro. D’un côté, l’Espagne envoie des signaux encourageants. Le FMI a revu sa prévision à la hausse pour Madrid, à 1,2 % en 2014 (soit + 0,3 point par rapport à avril) puis 1,6 % en 2015. Le taux de chômage espagnol a nettement baissé au deuxième trimestre, à 24,47 %, repassant sous la barre symbolique des 25 % pour la première fois depuis le troisième trimestre 2012. Une éclaircie, même si le nombre de demandeurs d’emploi en Espagne demeure l’un des plus élevés du monde industrialisé. L’Allemagne rest le bon élève de la zone, avec une croissance attendue de 1,9 % cette et de 1,7 % en 2015. Deux pays sont exclus de cette liste, la France et l’Italie. Paris a vu sa prévision diminuée à 0,7 % pour 2014, contre 1 % précédemment. En 2015, la croissance française atteindrait 1,4 %. Rome passe de 0,6 % précédemment prévu à 0,3 % cette année, puis 1,1 % en 2015.

Cette situation risque d’avoir des répercussions sur le pouvoir d’achat, l’emploi et donc le bien-être social. Par ailleurs, les zones de turbulences et de conflits, dans des régions pourvues d’importantes ressources gazières et pétrolières, ne cessent d’inquiéter. Si la situation se détériorerait, c’est toute l’économie du monde qui en pâtirait.

J.J.D/La Croix

Photo: siège du FMI à Washington

Catégorie : International

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