Malgré ou plutôt vu la violence croissante en Israël et en Palestine, les communautés juive et musulmane de Belgique ont lancé un appel urgent « au maintien des relations respectueuses entre toutes les personnes de toutes les communautés religieuses et philosophiques du pays et, en particulier, entre leurs deux communautés et l’ensemble de leurs membres ».
« Ce n’est pas parce qu’ils se tapent dessus là-bas, qu’il faut le faire ici », dit Me Philippe Markiewicz, président de la Communauté israélite de Bruxelles.
Ensemble avec le Professeur Maurice Sosnowski, président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB), mais aussi le président du Conseil européen des Oulémas marocains (CEOM), Khalid Hajji, et le Président Salah Echallaoui du Rassemblement des musulmans de Belgique – qui représente également l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB)-, ils ont publié une déclaration commune.
L’initiative est due à une longue amitié entre ces hommes de confessions différentes, renforcée lors d’un pèlerinage interreligieux au Maroc en octobre dernier. « Pendant ce voyage se sont tissés de liens interpersonnels très forts, capable d’étayer une collaboration durable », explique M. Hajji.
« Les conflits extérieurs à la Belgique, aussi pénibles qu’ils soient, auxquels nous souhaitons une issue pacifique sans délai, ne doivent pas affecter les relations entre les citoyens de notre pays relevant de confessions ou appartenances différentes et générer des comportements hostiles entre eux », stipule la déclaration commune.
Promouvoir la culture du dialogue
Cette déclaration n’implique nullement que les hommes et leurs organisations soient d’accord sur le fond du conflit au Moyen-Orient, au contraire. « Mais nous sommes tous citoyens belges », dit Me Markiewicz. « Notre appel s’inscrit dans l’engagement pour une société plurielle, respectueuse de chacun, de ses différences, de la liberté d’expression, et soucieuse du maintien d’une cohésion sociale harmonieuse. »
Pas question donc de mettre en cause la liberté d’organiser des manifestations pro-Palestiniennes. « Mais nous ne pouvons pas accepter qu’elles dérapent dans des cris ‘morts aux Juifs’ tels que nous les avons déjà entendus », dit encore le président de la Communauté israélite de Bruxelles.
A travers cette démarche, les communautés juive et musulmane de Belgique « souhaitent promouvoir davantage auprès de tous la dynamique du dialogue dans le respect d’une citoyenneté active et le refus ferme des expressions ou attitudes susceptibles le cas échéant d’entraîner la haine de l’autre quel que soit son origine ou appartenance philosophique et religieuse. »« Notre modèle de vivre-ensemble où chacun peut défendre ses opinions démocratique dans le respect de l’autre est unique », souligne Me Markiewicz.
Partant de la tradition malikite marocaine, M. Hajji enchaîne : « Nous devons défendre ce vivre-ensemble avec vigueur parmi les jeunes. »
Par ailleurs, le Pape François a personnellement téléphoné ce vendredi matin au président israélien Shimon Peres, et au président palestinien Mahmoud Abbas, leur faisant part de sa très vive préoccupation au regard du conflit actuel, qui touche de manière particulière la bande de Gaza, et, qui « dans un climat croissant d’hostilité, de haine, et de souffrance pour les deux peuples, est en train de faire de très nombreuses victimes, et de donner lieu à une situation de grave urgence humanitaire ».
Comme il l’avait fait lors de son récent pèlerinage en Terre sainte, et à l’occasion de l’invocation pour la paix, qui s’est tenue le 8 juin dernier au Vatican, le pape a assuré de sa prière continuelle et de celle de toute l’Eglise, pour la paix en Terre sainte. Il a souligné auprès de ses interlocuteurs, qu’il considère comme des hommes de paix et qui veulent la paix, le besoin de continuer à prier et à s’engager, pour faire en sorte que toutes les parties concernées, et tous ceux qui ont des responsabilités politiques au niveau local, et international, s’engagent pour faire cesser toute hostilité, oeuvrant personellement en faveur d’une trêve, de la paix et de la réconciliation des cœurs.
Benoit Lannoo