Depuis une semaine environ, la capitale centrafricaine connaît une nouvelle vague de violences qui fait craindre à la fois pour la sécurité des populations et la transition installée depuis plus de trois mois.
Tout a commencé lorsque trois jeunes issus de l'un des derniers bastions musulmans de Bangui – le quartier PK-5 – ont été lynchés et mutilés, alors qu'ils se rendaient à un match de football dans le cadre des activités réalisées dans le volet réconciliation nationale. Cet incident a aussitôt mis le feu aux poudres et entraîné une surenchère dans les deux camps. Ainsi, mercredi 28 mai, l'église Notre-Dame-de-Fatima a été attaquée par un groupe d'hommes armés, assimilés par des témoins à l'ancienne rébellion Séléka, à dominante musulmane. Selon le dernier bilan du Haut-Commissariat pour les Réfugiés de l'ONU, 17 personnes, dont l'abbé Paul-Emile Nazle, ont été tuées et 27 autres enlevées, au cours de cette attaque, qualifiée de "terroriste" par la présidente de transition Catherine Samba Panza. Le lendemain, des jeunes chrétiens ont mis le feu à une mosquée de la ville, afin de se venger.
Pour les quelque 15.000 habitants du quartier PK-5, la dernière enclave musulmane de Bangui, ce dernier incident est celui de trop. Samedi 31 mai, ils manifestaient pour exiger que les Nations unies évacuent les derniers musulmans de la capitale. Ils refusent par ailleurs de désarmer, par peur des représailles.
En province, la situation n'est pas vraiment beaucoup plus calme. Les affrontements se poursuivent entre les éléments de la Séléka et les milices anti-balaka, principalement dans les régions où les populations musulmanes se sont exilées et ont été déplacées.
Les 12.000 casques bleues des Nations unies qui devraient être déployées en Centrafrique en septembre prochain sont donc attendus avec impatience par la population. Celle-ci aspire à retrouver très vite une vie normale.
P. A. (avec La Croix)