A Kinshasa, Ndako ya biso (Notre Maison) et Béthanie accueillent les enfants de la rue, que l'on nomme ici les shégués. C'est la Communauté du Chemin Neuf qui est à l'origine de ces deux projets accueillant 800 enfants des rues... Mais, il y en a encore tellement à aider!
Kinshasa, 10 millions d'habitants, et beaucoup d'enfants livrés à eux-mêmes, dans un climat de violence et de grande souffrance. Chassés de chez eux ou enfuis loin de leur foyer, traités de sorciers, de voleurs ou de voyous, ils survivent dans les rues de Kinshasa. Rejetés, méprisés, ayant perdu toute dignité et toute confiance en eux-mêmes, ces enfants ont compris que l’amour n’existe plus et que la violence constitue la seule valeur de la vie. Pour éviter que ces shégués ne tombent plus bas que terre, la Communauté du Chemin Neuf, présente à Kinshasa, a ouvert une maison d'accueil, Ndako ya biso, en 2005 afin d'accueillir ces enfants. Cela a commencé par l'accueil des garçons, et maintenant, c'est au tour des filles, grâce à l'ouverture d'un deuxième lieu d'accueil, Béthanie.
Un Belge, engagé au Chemin Neuf
Le Chemin Neuf est une communauté nouvelle née à Lyon en 1973. Jean-Pierre Godding s'y est engagé depuis de nombreuses années et vit en Afrique depuis près de 40 ans. Il a vécu les conflits au Rwanda; est passé à Goma pour venir en aide aux réfugiés et, en 2003, accepte la demande d'un évêque de RDC de s'occuper des enfants de la rue dans la paroisse Sainte-Christine, un des quartiers populaires de Kinshasa. Avec sa communauté, Jean-Pierre entre de plain-pied dans la misère humaine la plus insoutenable, celle qui touche les plus petits. Responsable du projet Ndako ya biso et Béthanie, le Belge est épaulé par vingt éducateurs.
La place d'un enfant, c'est dans sa famille
Les shégués sont pris en charge par la Communauté et sont scolarisés, mais celle-ci n'héberge pas les enfants; elle leur propose plutôt sanitaires, repas, alphabétisation. Les deux centres d'accueil ne sont pas des orphelinats car le but n'est pas de se substituer aux familles, mais d'induire une réconciliation avec elles. C'est un travail de patience et de médiation; il faut chercher parfois longtemps un membre de la famille prêt à accueillir l'enfant. Depuis 2005, 800 enfants ont pu réintégrer leurs familles.
Le suivi de la scolarisation est aussi un enjeu important. Les filles sont mises en internat, pour éviter le risque de la prostitution. Les éducateurs rencontrent les professeurs de l'école pour suivre le parcours scolaire des enfants pris en charge. Réunification et réconciliation, deux mots-clés qui motivent les actions de Jean-Pierre Godding; écoutez-le:
Sylviane Bigaré
Jean-Pierre Godding présentera son travail avec les shégués au Carmel de Mehagne à Embourg le samedi 17 mai à 20h30.