Accusée d’apostasie, Meriam Yahia Ibrahim Ishag, est condamnée à la peine de mort par pendaison. Cette soudanaise chrétienne est également condamnée à cent coups de fouet pour adultère. Motif: être chrétienne dans un pays où règne la charia.
Malgré les appels d’ambassades occidentales à un respect de sa liberté religieuse; malgré la demande d’Amnesty International réclamant sa libération immédiate, Meriam Ishag, 27 ans, enceinte et emprisonnée avec son enfant de 20 mois, a entendu, impassible, le verdict la condamnant à la peine de mort: « Nous vous avions donné trois jours pour abjurer votre foi, mais vous avez insisté pour ne pas revenir vers l’islam. Je vous condamne à la peine de mort par pendaison », a déclaré le juge. Une condamnation pour « apostasie » – le fait de changer de religion -, mais aussi pour « adultère » – le fait d’épouser quelqu’un d’une autre religion que l’islam -, qui n’est que la pointe d’un iceberg bien plus important, celui de la répression quotidienne envers les chrétiens vivants au Soudan.
L’histoire de Meriam
Le père de Meriam est musulman, mais a toujours été absent. Meriam a été élevée par sa mère, de religion copte. Pour le Soudan, qui applique la charia depuis 1983, la fille d’un musulman est musulmane et le fait de changer de religion est puni de la peine de mort. Mais pour Meriam, élevée dans la foi chrétienne, rien n’a changé. « Je suis chrétienne et je n’ai jamais fait acte d’apostasie », clame-t-elle.
Mariée avec un Sud-Soudanais chrétien lui aussi, la jeune femme s’est vue condamnée à des coups de fouet pour adultère (avec son propre mari). Explications: Selon la charia, une musulmane (Meriam est considérée comme telle) ne peut épouser un homme d’une autre religion, sous peine de voir son mariage considéré comme nul et non avenu. Donc, les islamistes de Khartoum considèrent qu’il y a donc bien eu adultère. Voici, toute l’histoire de Meriam… bouc émissaire d’une tragédie que vivent quotidiennement les chrétiens au Soudan.
Soudan et Sud-Soudan
La goutte qui a fait déborder le vase et renforcer la persécution, c’est la scission du Soudan en deux parties: au nord, le Soudan; au sud, le Sud-Soudan. En 2011, le Sud-Soudan, chrétien et animiste, devient un pays à part entière en se séparant du Soudan, islamiste, où vivent encore pourtant des chrétiens (2% de la population).
Mais Khartoum traîne un lourd passé d’intolérance religieuse derrière elle. Renvois de missionnaires, interdictions de bâtir une église, expulsion de populations, arrestations de prêtres; la liste des exactions antichrétiennes est longue, trop longue.
SB