20 ans après un génocide qui aura fait entre 800.000 et un million de morts en trois mois, le Rwanda, toujours blessé, cherche à se reconstruire. Les commémorations qui débutent ce lundi 7 avril à Kigali, seront placées sous le signe du souvenir, de l’unité et du renouveau.
Au premier jour des commémorations, la tension est perceptible autour de ce qui restera l’un des plus importants génocides de notre histoire moderne. Entre sentiment de culpabilité et règlements de comptes diplomatiques, le monde rendra hommage au million de Rwandais morts en 1994. D’après le programme officiel, les commémorations « sont un temps pour se souvenir des vies perdues, faire preuve de solidarité avec les survivants et nous unir afin que cela n’arrive plus jamais, au Rwanda ou ailleurs ».
Le Pape prie pour le peuple rwandais
Après la prière de l’angélus ce dimanche, le Pape s’est adressé au peuple rwandais. « Je désire exprimer au peuple rwandais ma proximité paternelle ». Il a encouragé le peuple rwandais à « continuer avec détermination et espérance le processus de réconciliation qui a déjà porté des fruits et à poursuivre l’engagement en faveur de la reconstruction humaine et spirituelle du pays ». Même si « la réconciliation et la guérison des blessures pourraient sembler impossibles à vue humaine après tant de souffrances », a-t-il ajouté. Un processus de paix doit être, selon ses termes, « la priorité de l’Eglise ». « L’Eglise a (…) toute sa place dans la reconstruction d’une société rwandaise réconciliée », avait affirmé François aux évêques rwandais lors de leur visite au Vatican, le 3 mars dernier.
« N’ayez pas peur » a encore lancé le Pape, ce dimanche, aux Rwandais, « construisez votre société sur le rocher de l’Evangile, dans l’amour et la concorde, c’est seulement de cette façon que peut se construire une paix durable ».
Au-delà des ethnies
Vingt ans après la terreur, le Rwanda regarde dans une nouvelle direction: celle de l’unité. L’unité d’un peuple rwandais qui laisse derrière lui la classification ethnique « hutu » ou « tutsi ». Il faudra encore de nombreuses années avant que la rancune, la crainte de l’autre, voire la haine laisse place à cette unité. Dans les villes ou les villages, les voisins qui se sont entretués se regardent avec une méfiance légitime. Les atrocités commises et les pertes humaines ne pourront s’effacer mais la paix doit reprendre ses droits pour que ce drame ne se reproduise pas.
Le pardon est possible
Pauline Kayitare est Tutsie. Elle a treize ans lorsqu’éclate le génocide. Battue, violée, Pauline a, cependant, survécu. Son histoire, elle la raconte sans haine et sans tabou dans un livre coécrit avec Patrick May: « Tu leur diras que tu es Hutue ». En 2013, elle témoignait dans l’émission radio « Il était une foi » du travail de mémoire qu’elle réalise à travers sont association Kayitare: « Les blessures sont toujours là, mais aujourd’hui, le Rwanda se relève ». A travers son association, elle se rend dans les écoles pour transmettre un message sans haine: « c’est se souvenir des gens tués parce qu’ils étaient Tutsis, mais en même temps vivre en paix. » Ecoutez ici l’émission du 14 avril 2013.
En 2008, le Jour su Seigneur (France 2) proposait un extraordinaire témoignage de foi: douze ans après le génocide rwandais, meurtriers Hutus et rescapés Tutsis cohabitent à nouveau. Comment comprendre que Maman Xaverine soit allée demander pardon à Karinda, l’assassin de ses enfants? Regardez la vidéo.
MVL, d’après RTBF et Radio Vatican – photo: wikicommons/Schacon