En Birmanie, une nouvelle loi relative à la liberté religieuse ne fait pas l’unanimité au sein de l’Eglise catholique du pays. C’est ce qu’a indiqué l’agence Fides qui précise que la loi est encore en préparation et devrait être votée au Parlement le mois prochain.
La nouvelle loi est l’initiative du président birman Thein Sein. Elle aiderait à protéger les partisans du bouddhisme de la minorité musulmane qui est la cible de violences dans le pays. S’il est adopté, le texte interdirait les mariages interreligieux, ainsi que les conversions d’une foi à une autre. La loi condamnerait également la polygamie et les naissances pourraient bien faire l’objet de sérieux contrôles. Une limite de deux enfants a déjà été imposée dans plusieurs parties de l’Etat Rakhine, à l’ouest du pays, majoritairement peuplée de musulmans.
L’Eglise catholique s’oppose à cette atteinte à la liberté religieuse des citoyens birmans. Mgr Charles Bo, l’archevêque de Rangoun, n’a pas hésité à rendre public son désaccord en demandant à l’Etat de « ne pas interférer avec le droit individuel de choisir sa propre religion ». Selon l’archevêque, la proposition de loi « limite la liberté religieuse au Myanmar à un moment où les citoyens gagnent la liberté dans d’autres secteurs. La conversion est un fait de conscience que personne ne peut forcer », a écrit l’ecclésiastique dans une note envoyée à l’agence Fides.
Un texte de loi également pointé du doigt par la figure majeure de l’opposition, Aung San Suu Kyi. La prix Nobel de la paix estime qu’il « discrimine les femmes et viole les droits fondamentaux et les libertés personnelles. »
Hostilité envers les musulmans
Au Myanmar, les musulmans birmans sont les cibles de manifestations violentes et haineuses orchestrées par le « Mouvement 969 ». Ce mouvement, profondément anti-musulmans et mené par des moines bouddhistes, terrifie les musulmans du pays depuis plusieurs mois. Sans une once d’humanité, le « 969 » brûle et saccage les habitations des musulmans, qui représentent moins de 5% de la population birmane…
Selon l’agence Fides, la loi proposée par le président Thein Sein serait une réponse à une pétition ayant recueilli plus de 1,3 million de signatures de bouddhistes extrémistes. Ces derniers ont pétitionné dans le but de « protéger la race et la religion de la nation à majorité bouddhiste ».
Le bouddhisme, en tant que religion dominante du pays, a en effet une place spéciale dans la constitution birmane. Mais l’Etat reconnaît également le christianisme, l’islam, l’hindouisme et l’animisme.
S.T (avec La Vie et Fides)