Une quinzaine de théologiens et théologiennes de la section belge francophone de l’AETC (Association Européenne de Théologie Catholique) se sont réunis, le samedi 22 mars, à la Faculté de théologie de l’UCL à Louvain-la-Neuve, dans le but de dégager les fondements théologiques et les enjeux pour l’Eglise de l’Exhortation Apostolique "La joie de l’Evangile" du pape François.
Ouvrant la réflexion, Olivier Riaudel, André Fossion, Dominique Collin, Paul Scolas et Alain Godet ont successivement interrogé le texte de l’exhortation sous divers angles. Il ressort de ces analyses et du débat que le style de l’exhortation est nouveau: c’est un discours en "je", avec des références personnelles, des métaphores concrètes qui frappent et un ton souvent proche de la conversation ou de la prédication. Ce style de l’exhortation fait partie de son message, car il traduit une posture de communication, des attitudes et une manière d’être que l’Evangile lui-même peut inspirer. Sur le fond, l’appel à une Eglise missionnaire "en sortie" se révèle d’une rigoureuse cohérence théologique. La participation à l’humanisation comme l’annonce de la Bonne Nouvelle sont ensemble l’expression de la charité du Christ. C’est l’action charitable, en "corps à corps" dans la chair du monde, qui conduit à la reconnaissance de la vérité et à l’action de grâce. Aussi, dans le monde présent qui n’est pas exempt de pathologies lourdes (idolâtrie de l’argent, indifférence, exclusions, injustices, etc), la communauté des chrétiens est-elle appelée à être critique aussi bien qu’auto-critique; il lui faut être prophétique, audacieuse et, à la fois, nourrie de sagesse, dans ses engagements pour la fraternité. Cela suppose une conversion constante de l’Eglise à sa nature missionnaire et fondamentalement un ressourcement spirituel qui lui permette de surmonter le défaitisme, l’activisme, les divisions ou la "mondanité spirituelle" soucieuse de contrôle, de prestige et de pouvoir plutôt que de l’Evangile. On a noté enfin que l’exhortation fait heureusement appel au rôle des théologiens et, en particulier, des théologiennes pour faire mûrir le jugement de l’Eglise, pour entreprendre un dialogue pacifié avec les divers savoirs contemporains et être ainsi pour tous, aussi bien dans le champ culturel que dans celui du témoignage rendu à l’Evangile, un facteur de croissance.
(Site de l’AETC B/FR https://www.kuleuven.be/eurotheo/country/belgium(F)/)
