Les évêques de la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE), ont présenté aujourd'hui leurs orientations de vote pour les élections européennes du 25 mai.
Le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et président de la COMECE, a appelé les citoyens européens à prendre la main dans le processus électoral : "Allez voter !" a-t-il clamé. On l'oublie souvent en Belgique (où le vote est obligatoire), mais la question de la participation aux élections est un vrai enjeu dans beaucoup de pays. Evoquant le risque que des partis opposés à la construction européenne puissent tirer bénéfice de l'absentéisme, le cardinal Marx a livré un véritable plaidoyer pour que les fidèles catholiques s'engagent dans le débat public. "Vous, les catholiques : prenez ces élections au sérieux ! Ne vous laissez pas voler votre voix." Dans son communiqué, la COMECE a encouragé les citoyens, particulièrement les jeunes, à faire entendre leurs voix en s'impliquant dans le débat politique. "Contactez vos députés européens ou écrivez-leur ! Faites entendre votre voix !" a recommandé un cardinal Marx enthousiaste.
Pour ce proche du pape François (il est membre du G8 des cardinaux), on gagnerait à plus s'intéresser au travail de l'Union européenne : "Le traité commercial transatlantique est très important, mais on n'en a pas assez parlé. Quelles conséquences pour les pauvres ?" Face à la crise économique et aux difficultés sociales, la COMECE a voulu rappeler que le message chrétien est un message d'espoir et que la construction européenne permet de mieux faire respecter une vision noble de l'Homme. Pour cela, les évêques soulignent trois points importants pour les 5 ans à venir : la subsidiarité, la solidarité et la liberté religieuse.
Alors que plusieurs résolutions du Parlement européen tentaient d'imposer aux Etats une vision très idéologique de la famille, le cardinal Marx a rappelé que "l'Union européenne n'a pas la compétence et ne doit pas avoir la compétence de "définir" la famille ! Cela doit rester aux nations. Par exemple en Allemagne, nous avons une très bonne définition de la famille dans notre Constitution." Un parfait exemple du principe de subsidiarité : chaque niveau de pouvoir (local, national ou européen) traite des compétences qui conviennent le mieux, et ne tente pas d'empiéter sur les compétences des autres.
Ce jeudi, les évêques ont aussi entendu le témoignage d'un prélat ukrainien, venu leur présenter la situation dans son pays. Tout en ayant reconnu que le rôle des Eglises était surtout la prière, les évêques ont réaffirmé le besoin urgent d'assurer une réelle solidarité en Europe. Tant les migrants économiques que les réfugiés chassés de leurs pays par la guerre risquent leur vie pour arriver en Europe. Une tragédie à laquelle personne ne peut rester impassible.
Peu présent en Belgique, le débat sur les limites de la liberté religieuse fait rage en Allemagne (où la justice a interdit la circoncision) et au Royaume-Uni (où une infirmière chrétienne s'est vue interdire de porter une croix). La COMECE, s'appuyant sur le texte Ecclesia in Europa de Jean-Paul II, rappelle que toute religion se doit d'être présente dans le débat public et d'apporter ses réflexions. Mais "ce n'est pas à l'Etat de dire ce qu'est une bonne religion ou une mauvaise religion ! L'Etat n'est pas religieux, il n'a donc pas à décider du contenu de la Foi."
Afin de faire progresser le débat citoyen, les évêques ont annoncé le prochain lancement d'un site internet où les associations pourront venir déposer leurs suggestions et où l'on pourra comparer le programme des partis européens.
MB
(Photo : l'assemblé plénière de ce jeudi)