Ouganda : la nouvelle loi sur l’homosexualité indigne l’Eglise


Partager
Ouganda : la nouvelle loi sur l’homosexualité indigne l’Eglise
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

MuseveniAlors que le président ougandais a finalement décidé de signer la loi durcissant la répression des homosexuels (photo), plusieurs Eglises ont réaffirmé leur désapprobation vis-à-vis de ce texte.

Malgré les tentatives de dissuasion des gouvernements occidentaux et des défenseurs des droits de l'homme, le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué, lundi 24 février, une loi durcissant la répression de l'homosexualité, après qu'un groupe de scientifiques lui ait affirmé que celle-ci n'était pas "génétique, mais comportementale".

Les relations homosexuelles étaient déjà passibles de prison à vie en Ouganda, mais cette législation, adoptée à une écrasante majorité le 20 décembre dernier par le Parlement, interdit dorénavant toute "promotion" de l'homosexualité et rend obligatoire la dénonciation de quiconque s'affichant homosexuel. Par contre, les dispositions les plus controversées, prévoyant la peine de mort en cas de récidive, de rapport avec un mineur ou de rapport en se sachant porteur du virus du sida, ont été abandonnées.

Une condamnation quasi unanime

Si la communauté internationale condamne très largement cette nouvelle législation, l'Eglise catholique n'a pas manqué de faire entendre sa voix sur la question, rappelant le caractère fondamental du respect de la dignité de chaque personne. Le Catéchisme de l'Eglise catholique est d'ailleurs très clair à ce sujet: les personnes homosexuelles doivent être accueillies "avec respect, compassion et délicatesse". "On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste", précise-t-il encore.

Dans l'Eglise anglicane, par contre, cette position est loin d'être partagée par tous. Fin janvier, l'archevêque de Canterbury Justin Welby a adressé une lettre ouverte au président ougandais, ainsi qu'aux évêques anglicans du pays, leur rappelant que les homosexuels "sont des enfants de Dieu, aimés et appréciés de Lui et méritant le meilleur de ce que nous pouvons leur offrir". "La victimisation ou la dévalorisation d'êtres humains, dont les penchants se trouvent aller vers des gens du même sexe, nous choquent", peut-on encore lire dans cette lettre, cosignée par l'archevêque de York, John Sentamu, d'origine ougandaise.

L'appel de Mgr Desmond Tutu

Ce point de vue est largement partagé par l'archevêque sud-africain et prix Nobel de la paix Desmond Tutu. Il y a trois jours, il a effectivement demandé au président Museveni de ne pas promulguer cette loi et lui a suggéré de plutôt renforcer les sanctions pénales contre les auteurs de viols, de crimes sexuels contre les enfants, et "si besoin", contre ceux qui sont impliqués dans la prostitution, "acheteurs ou vendeurs". "Renforcer ces domaines de la loi protégera certainement bien plus les enfants et les familles que de criminaliser les actes d'amour entre des adultes consentants", a-t-il ajouté.

En Ouganda, par contre, l'archevêque Stanley Ntagali continue de penser que "la pratique homosexuelle est incompatible avec les Ecritures saintes". Il dit toutefois avoir accueilli avec soulagement la décision du Parlement ougandais d'amender le projet de loi anti-homosexualité, enlevant la peine capitale et allégeant les peines prévues par le texte. Des amendements qu'il dit avoir conseillés. "L'Eglise", écrit-t-il enfin, "est un lieu sûr pour les individus confus au sujet de leur sexualité (…), un lieu où ils peuvent trouver de l'aide et une guérison."

P. A.


Dans la même catégorie