Les crimes de la Corée du Nord dénoncés par l’ONU


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Les crimes de la Corée du Nord dénoncés par l’ONU
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
4 min

Un rapport des Nations Unies sur la Corée du Nord rendu public hier, fait état de nombreux crimes contre l'humanité commis par le régime nord-coréen. Au pays de Kim Jon Un, les droits humains les plus élémentaires sont bafoués, voire inexistants!

armée nord-coréenne

Sur la base de 240 entretiens confidentiels et de 80 témoignages publics obtenus à Londres, Washington, Séoul et Tokyo, la commission d’enquête de l'ONU brosse un portrait accablant du régime de Pyongyang, un pays "qui n’a pas d’équivalent dans le monde contemporain".

Le royaume de l’absurde

Le président de la commission d’enquête onusienne, le juriste australien Michael Kirby, n’a pas hésité à comparer la Corée du Nord au régime nazi. Il a notamment mis en exergue la présence de 80.000 à 120.000 prisonniers dans des camps de concentration. La plupart de ces prisonniers n’ont commis aucun crime, ni même émis de critique envers le régime. Ils sont condamnés au travail forcé car un membre de leur famille n’a pas montré suffisamment de zèle à louer le dictateur local (peine appelée yeon-jwa-je ou "condamnation par association").

La République Populaire et Démocratique de Corée est le dernier régime communiste stalinien, mais pratique aussi le culte de la personnalité, au détriment de toute autre forme de croyance. Toute la vie du pays tourne autour du "cher leader", Kim Jong-Un. Il est le petit fils de Kim Il-Sung, qui prit le pouvoir en 1945 avec l’aide de l’URSS et de la Chine maoïste. Depuis, le pouvoir se transmet de manière héréditaire et toute la population est obligée de rendre hommage à la dynastie régnante avec une ferveur plus que religieuse. Ceux qui ne montrent pas assez de dévotion envers le régime sont envoyés en kwan-li (camp de concentration), où ils meurent le plus souvent à la tâche.

Une pratique du culte religieux inexistante

Dans un tel contexte, il est clair que le régime nord-coréen ne tolère pas les religions. Spécialiste de l’histoire de la Corée et professeur à l’Université Jean Moulin - Lyon 3, Jin-Mieung Li expliquait dans une interview à un quotidien français qu'il existe dans le pays quelques temples bouddhiques, anciens et historiques, et quelques églises protestantes qui sont entretenues uniquement pour les visiteurs étrangers et qui servent de façade. "Les églises protestantes et catholiques et les temples bouddhiques sud-coréens ont des contacts avec la Corée du Nord, mais uniquement pour des questions humanitaires: fourniture des médicaments, construction d’hôpitaux, aide alimentaire, etc. Un lieu de prière même clandestin ne peut pas exister, tant la surveillance de la population par les services secrets est forte". Et ce, bien que la liberté religieuse soit garantie par la constitution. Selon l'ONG chrétienne française Portes Ouvertes, au service des chrétiens persécutés, la Corée du Nord est considérée comme le pays du monde où les chrétiens sont les plus persécutés. Officiellement, en l'an 2000, seul 0,2% de la population pratiquait une religion.

Le bourrage de crâne mène à des comportements absurdes, tant de la part des autorités que de la population. Porter un pin’s à l’effigie du "cher leader" est ainsi considéré comme une action citoyenne, mais ne pas en porter peut mener à l’accusation de déviance idéologique. C’est de cette manière que s’applique la vision communiste de l’individu générique, selon laquelle aucun citoyen ne peut se distinguer l’un de l’autre. Tous deviennent de simples "outils" au service de l’économie socialiste.

Ces accusations ne sont pas neuves, mais c’est la première fois qu’elles sont étayées de manière certaine par la communauté internationale. Le système de vue aérienne Google Earth a également aidé à découvrir certains camps de concentration nord-coréens.

Vers un procès devant la CPI?

Depuis décembre 2011, la Corée du Nord fait l’objet d’une enquête par le Procureur près la Cour Pénale Internationale pour différents incidents militaires avec la Corée du Sud. Pour les actes décrits par la commission d’enquête présidée par M. Kirby (meurtres, réduction en esclavage, tortures, actes inhumains, persécutions pour motifs politiques, etc.), la Cour Pénale Internationale est également compétente.

Cependant, la CPI ne juge que des personnes et pas des Etats; il faut donc attendre que le Conseil de Sécurité des Nations Unies établisse un mandat d’arrêt contre un responsable nord-coréen et que celui-ci soit arrêté. Deux éventualités encore très improbables puisqu’elles nécessiteraient la coopération de la Corée du Nord elle-même, ainsi que de son proche allié la Chine (qui dispose d’un droit de veto au Conseil de Sécurité). Ce serait néanmoins un grand pas en avant pour la CPI, qui n’a pour l’instant traité que des crimes commis en Afrique. Cette focalisation de la CPI sur l’Afrique avait donné l’impression que des crimes contre l’humanité ne se produisaient que sur le continent africain.

Il était temps que des voix s'élèvent pour dénoncer ce régime qui foule aux pieds la nature humaine et sa dignité.

M.B.

Catégorie : International

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