Et si le christianisme ne faisait que commencer? La question peut paraître saugrenue après 2000 ans d'histoire et pourtant c'est un peu celle que pose Gérard Fomerand dans son dernier livre.
Depuis plus de quarante ans, Gérard Fomerand observe les mutations du christianisme. Et après une belle carrière dans l'administration française en tant que haut-fonctionnaire, il se consacre désormais à des conférences et à l'écriture. Son dernier ouvrage, "Renaissance du christianisme" est une réflexion plutôt optimiste en ce début de XXIe siècle où il est souvent convenu que ce christianisme se meurt de sa belle mort. Il n'est qu'à connaître le nombre de chrétiens actuellement dans le monde (plus de deux milliards) pour se convaincre du contraire. Mais à cette explosion quantitative du nombre de chrétiens, s'ajoute, selon Gérard Fomerand, une mutation qualitative, diffuse mais réelle. Que ce soient dans les mouvances catholique, protestante, orthodoxe, "les lignes bougent, imperceptiblement". Des communautés para-monastiques (comme Taizé) ou monastiques apparaissent ou rajeunissent. Les retraites monastiques connaissent un renouveau d'intérêt.
"Longtemps extériorisé, le christianisme contemporain se rapatrie dans ses propres origines. Souvent adossé à un ordre politique, il s’en éloigne pour être ce qu’il n’a pas toujours été: un chemin de spiritualité", explique l'auteur. Pour lui, cette écoute intérieure est le "fil conducteur des mutations contemporaines du christianisme". Gérard Fomerand envisage même l'intériorité chrétienne comme un art de vivre…
Un trésor caché
En fait, l'auteur nous explique que c'est le même scénario qu'il y a 2000 ans qui se rejoue actuellement. On assiste à une décomposition, liée à notre société d'hyperconsommation, et une inquiétude généralisée sur la fin d'une civilisation - la fin du monde n'a-t-elle pas été annoncée à de multiples reprises ces derniers temps? Notre époque fait face à un paradoxe: une attente massive de spiritualité et des "vieilles" religions comme le christianisme qui semble être en crise. "Mais elles ne le sont pas car elles sont porteuses d'un trésor caché: le christianisme des contemplatifs, de l'intériorité", relève l'auteur. "Ce christianisme a toujours été là mais, comme un trésor, on l'avait mis sous le boisseau."
Et ce christianisme immémorial, c'est le christianisme de l'Unité – dans la Trinité. On ne s'étonnera pas que Gérard Fomerand revendique alors l'intercommunion "qui ne devrait même pas être un débat puisque c'est une évidence éthique". Et que ses références s'appellent Maître Eckart, Simone Veil, Etty Hillesum, Matta El Maskine, Maurice Zundel.
Quant à la situation des Eglises face à cette évolution vers un "retour aux sources", Gérard Fomerand observe un passage lent mais certain d'une Eglise cléricalisée, réservée à une élite de prêtres, à un sacerdoce universel partagé par les laïcs. Pour autant, les Eglises restent aux yeux de l'auteur des repères nécessaires et le pape François est sans doute l'un des plus beaux symboles présents de cette renaissance en cours, assure Gérard Fomerand.
P.G.
"Renaissance du christianisme", de Gérard Fomerand, aux éditions Fidélité, 280 pages, 24,74 euros sur la boutique en ligne
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