Destiné officiellement à lutter contre l’homophobie, le rapport Lunacek sera prochainement discuté au Parlement européen. Mais au lieu de se concentrer sur les discriminations dont sont victimes les homosexuels, il mélange beaucoup de questions très différentes.
Dans quelques jours, le Parlement européen discutera du rapport proposé par Mme Ulrike Lunacek. La députée européenne autrichienne a été chargée de rédiger un rapport sur l’homophobie en Europe et les moyens d’y remédier. Mme Lunacek est par ailleurs co-présidente du groupe LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels) au Parlement européen.
Mais ce rapport entretient une grande confusion sur l’homophobie.
Il est intéressant de noter un élargissement sémantique: alors que le rapport Lunacek est censé s’attaquer aux discriminations dont peuvent parfois être victimes certaines personnes homosexuelles, le texte s’étend aussi à l’idéologie du « gender ». La confusion entre homophobie et promotion de l’idéologie du « gender » est patente tout au long du texte.
Plus inquiétant pour l’autonomie des Etats membres, le rapport sous-entend que les mariages homosexuels devraient être reconnus par les Etats qui ne l’ont pas encore fait. De nombreux Etats européens maintiennent la distinction homme-femme dans le mariage… ce qui ne les empêche absolument pas de lutter contre l’homophobie. Là encore, le rapport Lunacek entretient la confusion; autorisation du mariage homosexuel et protection physique des personnes homosexuelles ne relèvent pas du même registre et n’entrent pas en concurrence.
Les associations de défense des droits de l’Homme sont également très inquiètes des risques d’atteinte à la liberté d’expression. Si trop d’insultes homophobes restent encore impunies, réduire la liberté d’expression n’est probablement pas le meilleur moyen pour assurer un vrai accueil des personnes homosexuelles.
De l’aveu de Mme Lunacek, son rapport est un « appel à la Commission pour protéger les droits de l’Homme, des lesbiennes, homosexuels, bisexuels, transsexuels et des personnes intersexuelles« .
Mettre fin à l’homophobie est important; assez important pour que ce sujet soit traité en tant que tel et non pas confondu avec un agenda politique.
M. B.