L’assassinat d’un ancien ministre souligne la tension explosive entre sunnites et chiites au sujet du conflit chez le grand voisin syrien.
Les attentats se sont faits plus fréquents ces derniers mois au Liban : un attentat avait fait 23 morts le 19 novembre et un autre avait déjà touché Beyrouth le 9 juillet. A chaque fois, ce sont des lieux liés à la communauté chiite ou aux intérêts iraniens qui étaient visés.
Mais l’attentat de ce matin à Beyrouth touchait lui à un allié des rebelles syriens : l’ancien ministre et ambassadeur Mohammed Chatah. Il était membre de l’ »Alliance du 14-Mars », une coalition réunissant chrétiens et musulmans sunnites ; cette alliance avait remporté les élections de 2005 et 2009 sur un programme très hostile au régime syrien.
Double raison de tension : l’occupation du pays par l’armée syrienne de 1989 à 2005 et le fait que la milice chiite du Hezbollah envoie ses hommes mener le djihad sur le front syrien. Pour de nombreux libanais, le régime syrien est l’ennemi absolu et doit être renversé coûte que coûte. Or le Hezbollah fait partie de la coalition gouvernementale ! L’allégeance du groupe terroriste envers Damas est donc perçu comme une trahison.
Le président libanais Michel Sleimane a déjà demandé l’aide des Nations Unies pour faire face aux conséquences de la guerre en Syrie, en particulier l’afflux de réfugiés. Si il y a officiellement 800.000 réfugiés en Syrie, on estime que le nombre réel à un million deux cent mille ! Une charge colossale pour un petit pays d’à peine quatre millions d’habitants.
Tant que la guerre civile se poursuivra en Syrie, le Liban voisin verra son équilibre lourdement menacé.
M. B.