Appel à un Avent solidaire


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Appel à un Avent solidaire
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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IDR 2

Dimanche 1er décembre annonçait le début de la période de l’Avent. A l’approche des fêtes de fin d’année, nombreux sont ceux qui espèrent un Noël blanc. Pourtant 33,7% des Bruxellois vivent encore sous le seuil de la pauvreté et redoutent la tombée des premiers flocons. Soucieux de cette réalité, Mgr Jean Kockerols, évêque auxiliaire pour Bruxelles, a rencontré l’association locale "Bij Ons-Chez nous", une aide sociale de première ligne à l’attention des personnes sans-abri.

Lundi 2 décembre, l’évêque auxiliaire de Bruxelles, Mgr Jean Kockerols, a pris le pouls de plusieurs associations bruxelloises qui luttent contre la pauvreté présente à plus de 33% dans notre capitale. Il a, entre autres, rencontré les responsables et habitués de l’asbl Bij Ons-Chez nous. Depuis 1998, cette asbl travaille activement avec les groupes les plus marginalisés de la région bruxelloise. Elle met à leur disposition un endroit où l'accueil, la rencontre et la solidarité ont une place centrale. Elle leur offre également de la chaleur, des repas, des produits d’hygiène et un accès sanitaire.

Le nombre exact de sans-abri est difficile à chiffrer. Bart, membre de l’asbl, a expliqué à Mgr Kockerols que les statistiques pouvaient varier selon qu’on prenne en compte les sans-papiers, les personnes qui n’ont temporairement plus de toit à cause d’un manque de travail et/ou de moyens. Ces personnes défavorisées font pourtant partie intégrante de la réalité du paysage belge. Il y a urgence. L’heure est à la prise de conscience et à la mobilisation.

Une atteinte à la dignité humaine

Dans un communiqué, l’évêque écrit que "jamais encore, notre société n’a eu autant de possibilités. Jamais encore, elle n’a produit autant de richesses. Et pourtant, l’abîme qui sépare les pauvres des riches s’accroît, même dans notre pays. Notre responsabilité n’a donc jamais été aussi grande. Nous devons redistribuer les richesses et cela va de pair avec la solidarité."

C’est dans un esprit de solidarité que Mgr Kockerols aimerait passer Noël. Dans ce sens, il a lancé un appel à toutes les personnes de bonne volonté pour lutter contre la pauvreté. "A partir d’une conversion personnelle vers le souci des pauvres, nous devons réussir à mobiliser suffisamment de solidarité au sein de notre société afin d’offrir des droits aux plus démunis et leur rendre leur dignité humaine. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il y aura une place pour eux à l’auberge de Bethléem. Ce n’est qu’à ce moment-là que ce sera Noël pour tout le monde."

Ces plans qui préparent au grand froid

Dans le même souci d’aide aux personnes défavorisées, le plan Grand Froid et le plan hivernal ont été activés depuis le mois d’octobre, respectivement, en Wallonie et à Bruxelles. Jusqu’au 31 mars de l’année prochaine, ils tenteront de répondre aux besoins urgents de personnes en détresse sociale aiguë.

En Wallonie comme à Bruxelles, les plans prévoient la mise en place d’un dispositif renforcé pour augmenter le nombre de lits d’urgence dans les maisons d’accueil et abris de nuit. La distribution d’un repas et l’accès à des équipements sanitaires sont également assurés jusqu’au 31 mars.

En Wallonie, le plan Grand Froid est coordonné depuis 2009 par la ministre de l’Action sociale et de la Santé, Eliane Tillieux. A Bruxelles, c’est le Samusocial qui est chargé d’organiser le plan hivernal et d’établir une collaboration efficace entre les différents partenaires.

La rue, cabinet à ciel ouvert de certains infirmiers

Infirmiers de Rue (IDR) est une autre initiative bruxelloise au service des sans-abri. Depuis 2005, l’asbl parcourt les allées de la capitale pour effectuer un réel travail de terrain. Elle va à la rencontre des patients là où ils sont, c’est-à-dire dans la rue, directement et gratuitement. Elle lutte pour la réinsertion durable des personnes sans-abri en utilisant l’hygiène et la revalorisation par les soins. Grâce à la prévention et l’éducation à la santé, IDR joue le rôle d’intermédiaires psycho-médico-sociaux entre les personnes en grande précarité et les professionnels de la santé et de l’aide sociale.

Le plan d’urgence mis en place en hiver permet aux Infirmiers de Rue de localiser plus rapidement leurs patients et facilite les démarches médico-sociales entreprises pas l’asbl. Les lits, douches et repas supplémentaires sont salués par IDR au niveau de la prévention de cas d’hypothermie. La baisse de la température corporelle "est plus vulnérable chez les personnes sans domicile, qui sont alcoolisées, déstructurées ou qui prennent moins soin d’eux", explique Sandrine, une infirmière de rue. Elle ajoute que l’hypothermie représente "un risque très important sur leur vie. Durant les hivers précédents, certains de nos patients ont frôlé la mort."

Pourtant, parmi les sans-abri, certains se méfient des endroits et services qui sont mis à leur disposition. L’asbl a constaté que des mini épidémies de gale et de poux pouvaient se propager en raison de la "concentration de masse humaine". IDR distribue un outil "aux professionnels pour apaiser les peurs de cette épidémie et pour éviter qu’elle ait lieu", poursuit l’infirmière.

IDR applaudit le plan hiver dans le sens où des structures supplémentaires sont ouvertes en urgence. Son espoir réside toutefois dans une plus grande durabilité des dispositifs mis en place pour les sans-abri.

Ecouter les besoins des plus démunis

Pour Mgr Jousten, évêque émérite de Liège, il "faut respecter la liberté de ceux à qui on s’adresse." Il insiste pour qu’une réflexion soit menée "sur les conditions les plus favorables et les plus positives possibles pour que les sans-abri veuillent rester et profiter de l’offre qu’on leur fait."

Il ajoute qu’ "il n’y a pas de solution uniforme. Surtout quand on dit qu’on veut chercher une solution avec eux. Cela devient beaucoup plus exigeant que si on dit qu’on va faire quelque chose pour eux. » Il rappelle également qu’ "il faut respecter la complexité de l’être humain".

Sophie Timmermans

 


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