Selon un sondage "Dedicated-La Libre-RTBF", la très grande majorité des Belges est favorable à l'extension de la loi sur l'euthanasie aux mineurs et aux personnes démentes. Y compris du côté des électeurs chrétiens démocrates ou centristes humanistes...
Parmi les dossiers délicats de la rentrée politique figure l'élargissement de la loi sur l'euthanasie aux mineurs et personnes démentes. Discuté avant le début de l'été, ce dossier n'a finalement pas été bouclé avant les vacances et les débats vont donc reprendre bientôt en commissions réunies de la Justice et des Affaires sociales du Sénat.
A la veille de ces discussions, les résultats du Baromètre politique Dedicated - La Libre-RTBF donnent une idée sur ce que les Belges pensent des modifications législatives annoncées en vue de compléter la loi sur l’euthanasie. Et l'adhésion est large. Ainsi, ils sont 75% à être d'accord avec l'idée d'autoriser l'euthanasie pour des mineurs ne pouvant s’exprimer* (car plongés dans un coma irréversible ou en état végétatif). 38% se disent "tout à fait favorables" et 36% "plutôt favorables". Les Flamands (40% "très favorables") y sont un peu plus acquis que les Bruxellois (37%) et surtout que les Wallons (34%). Ils ne sont que 6% à y être tout à fait défavorable.
Même du côté de l'électorat dit "chrétien", c'est une forte majorité qui rejoint une telle autorisation d'euthanasie , même si c'est dans ce camp que les "non" sont les plus nombreux.
Un plus large soutien (près de 80%) se retrouve quant à l’euthanasie de personnes majeures souffrant de démence type Alzheimer ou de démence vasculaire grave aux douleurs insupportables. Ils ne sont que 4% à s'y opposer. Ces derniers seraient-ils les seuls à connaître la possibilité des soins palliatifs ?
Et les soins palliatifs ?
Une telle adhésion citoyenne à cet élargissement de l'euthanasie ne manque pas d'interroger. Car lors des discussions au mois de juin, des doutes, traversant tous les partis, étaient apparus. De nombreux parlementaires avaient confié leurs réticences. Certains se demandant même s'il était nécessaire de légiférer sur une telle question, au regard par exemple du peu de cas d’euthanasie de mineurs déclarés depuis 2002 aux Pays-Bas.
Forts de témoignages de la part du corps médical sur le fait que de nombreuses personnes demandent l’euthanasie à cause d’un sentiment d’abandon plus que pour venir à bout d’une douleur physique, des élus n'ont pas manqué de rappeler l'existence des soins palliatifs en l’occurrence… Mais il faudrait alors donner davantage de moyens financiers à ce secteur.
Quant à l'Eglise catholique belge, elle avait fait part de son opposition à ce projet de loi le 6 mars dernier. En demandant au législateur de trouver une autre voie, "sous peine d’euthanasier le lien social".
P.G.
*ce que le projet de loi ne prévoit pas puisqu'il parle de jeunes mineurs "capables de discernement" pour décider eux-mêmes d'une fin de vie anticipée
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