A l’occasion de la journée internationale des personnes âgées ce 1er octobre, l’association de lutte contre la pauvreté, Vivre Ensemble, tire la sonnette d’alarme. Le thème des personnes âgées et de la pauvreté sera d’ailleurs au centre de sa campagne d’Avent.
Vivre Ensemble est un service d’Eglise, mandaté par les évêques de Belgique pour animer une campagne de solidarité durant l’Avent en Wallonie et à Bruxelles.
L’association soutient des actions de terrain de lutte contre la pauvreté et l’exclusion; elle organise aussi des campagnes de sensibilisation aux causes de la pauvreté et suscite la solidarité avec les personnes démunies. Des missions que Vivre Ensemble mène à bien depuis plus de 40 ans.
La pauvreté des aînés
Avec l’âge, les inégalités sociales se creusent. Une pension légale trop faible (en moyenne, 1.230 euros par mois), une pension complémentaire qui n’a pas pu être constituée, des dépenses auxquelles il faut faire face et qui augmentent avec l’âge: soins de santé, aménagement du logement ou entrée en maison de repos, mobilité. Pour ces différentes raisons, un senior sur cinq vit avec moins de 1.000 euros par mois, soit sous le seuil de pauvreté. Beaucoup de seniors doivent donc faire des choix: se priver de certains médicaments, d’un appareil auditif ou d’une prothèse dentaire, rationner leurs dépenses alimentaires. Et même si la GRAPA (garantie de revenu pour les personnes âgées) vient de passer juste au-dessus de ce seuil de pauvreté, les quelques euros supplémentaires n’y changeront rien.
Nous, futurs seniors
Cette situation de précarité devrait préoccuper davantage les politiques, mais aussi tous les citoyens, car, si nous ne le sommes pas déjà, nous sommes tous des seniors en puissance et leur nombre est en constante augmentation. En effet, les plus de 60 ans représentaient 24% de la population en 2010. Cette proportion devrait grimper jusqu’à 31% en 2030 et 35% en 2050! Sans compter que nous vivons de plus en plus longtemps et que le nombre de personnes âgées dépendantes augmente donc lui aussi.
Pour faire face à ce défi, la Commission européenne préconise l’allongement de la carrière professionnelle et la prévention en matière de santé pour éviter la dépendance. Mais Vivre Ensemble fait le constat suivant, à savoir que les personnes pauvres vieillissent prématurément, usées par des années de survie et d’insécurité. Touchées par le chômage et/ou des problèmes de santé, elles n’ont pour la plupart pas une carrière professionnelle complète. Ceci est particulièrement vrai pour les femmes, qui constituent d’ailleurs les deux tiers des bénéficiaires de la GRAPA.
Vieillir, un plus!
Vivre Ensemble refuse de considérer les personnes âgées comme un poids pour la société et un danger pour l’équilibre budgétaire de nos pays. Elle souligne les services que les aînés rendent à la société. Saviez-vous que 40% des retraités s’engagent comme volontaires dans des associations, des clubs sportifs, des entreprises?
L’association rappelle également que, malgré son montant trop faible, la pension légale est le système le plus équitable. Des choix politiques doivent donc être posés pour la maintenir et la revaloriser. Les autres « piliers » (assurances-groupes, fonds de pension) sont, eux, non seulement inaccessibles aux moins favorisés, mais aussi nocifs pour l’économie puisqu’ils alimentent la spéculation financière.
La pauvreté des personnes âgées n’est pas une fatalité. Permettre à chacun et chacune de vivre dans la dignité jusqu’au bout de sa vie, c’est un choix politique, un choix de société, un choix que Vivre Ensemble a fait depuis bien longtemps. Et vous?
SB/CP
Photo (c): Anne Franck