A quelques jours du vote au Parlement de la réforme Marcourt, le secrétaire général de la Fédération de l'enseignement supérieur catholique sort du bois. Pour lui, le texte est loin d'être parfait et sera impossible à appliquer si certains amendements n'y sont pas apportés. Il estime également que les hautes écoles n'ont pas été suffisamment entendues dans ce dossier, contrairement aux universités.
Le projet de décret du ministre Marcourt relatif à la réforme du paysage de l'enseignement supérieur est presque prêt. Adopté en troisième lecture par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles le 18 juillet dernier, il devrait être prochainement voté au Parlement. L'occasion pour les acteurs de terrain concernés de formuler leurs dernières remarques et d'apporter leur amendement au texte en question. Particulièrement discrète durant toutes les négociations sur ce dossier sensible, la Fédération de l'enseignement supérieur catholique, la FEDESUC, qui fédère sept hautes écoles et six écoles supérieures des arts, en profite pour sortir du bois et faire entendre sa voix.
Un décret inapplicable
Interrogé dans "La Libre Belgique", André Coudyzer, son secrétaire général, estime que le texte est encore loin d'être parfait et qu'il faudra certainement faire marche arrière, car le décret est inapplicable en l'état actuel. Ce qui lui pose notamment problème, c'est l'obligation systématique de coorganisation et de codiplômation entre les établissements appartenant à un même pôle géographique et dispensant des études dans le même domaine. Une obligation censée mettre un terme à la concurrence entre établissements. "On ne nous laisse même plus la liberté d'organiser l'enseignement tel qu'on le souhaite", s'insurge le secrétaire général de la FEDESUC. "Pourquoi une institution, sans faire de la concurrence à d'autres, ne pourrait-elle pas être porteuse d'une habilitation qui lui est propre ?" Pour lui, on peut "offrir des choses à la fois différentes et complémentaires sans pour autant être concurrents".
Une meilleure représentation des PO
André Coudyzer exige également que les représentants de Pouvoirs Organisateurs (PO) soient mieux représentés au sein de l'ARES, la structure faîtière qui chapeautera l'ensemble de l'enseignement supérieur. Pour le moment, les recteurs d'universités sont tous présents, souligne-t-il, "alors que trois universités sont finalement plus petites que plusieurs hautes écoles prises isolément". "Ce n'est clairement pas normal", ajoute-t-il.
Enfin, le secrétaire général de la FEDESUC estime que les hautes écoles n'ont pas été suffisamment entendues par le politique dans ce dossier. "Sur toute la période de négociation et de mise en place de ce décret", explique-t-il, "le nombre de contacts entre le cabinet Marcourt et les recteurs est trois fois voire quatre fois supérieur au nombre de contacts que le cabinet a bien voulu établir avec les autres types d’enseignement."
P. A.