Le weekend passé, la directrice générale de l’enseignement catholique flamand proposait d'agir sur les allocations familiales pour faire cesser l'absentéisme scolaire à la veille des vacances. Qu'en pense l'enseignement catholique francophone ?
Directeur général du SeGEC, Etienne Michel confirme que les absences tendent à se multiplier à la veille des congés, en raison du prix des billets d'avion qui sont moins chers hors vacances scolaires. Mais pour lui, les vraies questions ne se limitent pas à l'absence avant les vacances. "Plus fondamentalement, il y a un lien qui s'établit entre l'absentéisme scolaire et les risques de décrochage scolaire", veut rappeler Etienne Michel qui ajoute qu'il ne faut pas commencer à faire des différences entre un "absentéisme de luxe" et un absentéisme ordinaire. "Il faut prendre en compte de manière générale ce phénomène d'absentéisme et se demander qui peut être responsabilisé efficacement par rapport à tout ça." Et pour le représentant du SeGEC, la réponse est claire: "Aujourd'hui, la législation prévoit une forme de responsabilisation des écoles par rapport à l'absence des enfants. Lorsque les enfants sont absents de l'école de très nombreux demi-jours, c'est l'école qui risque de perdre ses subventions pour cet enfant. Mais il faut aussi responsabiliser les parents sinon on n'arrivera pas à lutter contre l'échec scolaire et l'absentéisme à l'école."
Mais comment responsabiliser ces parents ? Par la voie des allocations familiales ? Pour Etienne Michel, la réponse n'est pas aussi claire. "Autant il me paraît évident de construire des mécanismes de responsabilisation des parents, qui n'existent pas aujourd'hui, autant il n'y a pas d'évidence à ce que cela doive passer par les allocations familiales. Il y a peut-être d'autres pistes et il y a un débat à avoir sur la question. Mais ce n'est pas nous, organisateurs d'enseignement, qui sommes seuls concernés par le régime d'allocations familiales."
Un lien entre l'allocation familiale et la scolarité
Prudent, Etienne Michel fait cependant remarquer que si, dans le monde francophone, on considère de plus en plus l'allocation familiale comme un droit de l'enfant, une sorte d'allocation universelle inconditionnelle, lui ne partage pas cet avis, estimant qu'il y a d'autres conceptions qui ont existé dans l'Histoire. "La construction historique du régime des allocations familiales, ce n'est pas celle d'une allocation universelle. Il s'agissait alors de compenser le risque de voir certaines familles dans l'incapacité d'élever leurs enfants dans de bonnes conditions. Et il y avait un lien avec la scolarité. Notamment lorsque l'obligation scolaire est intervenue, il s'agissait de permettre aux enfants qui, jusque là, étaient des sources de revenu pour leur famille de compenser la perte de ce revenu par l'octroi d'une allocation familiale." Etienne Michel fait d'ailleurs remarquer qu'aujourd'hui, les allocations familiales restent encore pour partie liées à la poursuite d'études. "A 18 ans, les parents cessent de percevoir des allocations sauf si l'enfant continue des études. C'est bien le signe que dans sa construction historique, il y a un lien avec la scolarité obligatoire et, au fil du temps, de la scolarité non obligatoire".
Pour le SeGEC donc, il y a un débat qu'il n'est pas interdit de lancer sur cette question mais qui doit être alors mené avec les politiques, les associations de parents d'élèves, la sécurité sociale, les partenaires sociaux… "N'oublions pas que ce sont avec les cotisations sociales que ces allocations sont financées".
Pierre GRANIER