Même si les résultats officiels n’ont pas encore été proclamés, Ibrahim Boubacar Keïta va devenir, sans nul doute, le nouveau président du Mali. Son adversaire Soumaïla Cissé a reconnu sa défaite, lundi 12 août, en se rendant dans la soirée au domicile de son adversaire.
À l’issue du premier tour du 28 juillet, Ibrahim Boubacar Keïta avait obtenu 39,79% des voix, contre 19,70% à son adversaire et partait donc largement favori au second tour, d’autant qu’il avait obtenu le ralliement de 22 des 25 candidats éliminés au premier tour.
Malgré ce retard, Soumaïla Cissé estimait que le second tour était « une nouvelle élection » et comptait, pour rattraper son retard, sur une partie des quelque 400 000 bulletins déclarés nuls au premier tour et sur une mobilisation plus forte encore que celle du 28 juillet.
Mais le 11 août, cette participation lors du second tour a été en baisse (45% contre près de 49% au premier tour, un chiffre exceptionnel pour ce type de scrutin au Mali) et Cissé a finalement admis sa défaite avant la publication officielle des résultats. Alors que seulement les deux-tiers des bulletins avaient été dépouillés, les résultats donnaient en effet une très large avance à Ibrahim Boubacar Keïta.
Des élections dans la calme
En se rendant chez son rival avec sa famille, Soumaïla Cissé a cependant posé un geste symbolique très fort qui lui a déjà attiré la sympathie de ses compatriotes. Faut-il y voir le début d’un retour au calme et à la stabilité politique dans ce pays qui a tant souffert ces 18 derniers mois ? Force est déjà de constater qu’en dépit de la menace d’attentats de groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, qui avaient occupé le nord du Mali pendant neuf mois en 2012, le vote s’est déroulé sans incidents majeurs dans cette région.
Selon Louis Michel, chef de la mission d’observation pour l’Union Européenne, ces élections se sont passées dans de bonnes conditions, dans un climat serein et calme. « Et celui qui sera élu le sera avec la légitimité démocratique », a ajouté l’ancien ministre belge des affaires étrangères. Dans son rapport préliminaire publié lundi, la mission de l’Union européenne évalue « positivement (…) les opérations de vote à hauteur de 99% » des bureaux observés.
Une fois en place, Ibrahim Boubacar Keïta aura la lourde tâche de réconcilier un pays traumatisé et affaibli par 18 mois d’une profonde crise politique et militaire débutée en janvier 2012 par une offensive des rebelles touareg dans le Nord. Un coup d’Etat militaire (22 mars 2012) avait précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes djihadistes et criminels qui ont laminé la rébellion touareg et l’armée malienne, commis d’innombrables exactions et saccages (notamment des mausolées de saints à Tombouctou) avant d’être chassés par l’intervention militaire franco-africaine toujours en cours.
P.G.