Depuis mars 2012, quinze jeunes sans papiers sont accueillis dans la « Petite maison Vincentienne » au cœur de la commune d’Anderlecht. Initié par un enseignant à la retraite, ce projet généreux rencontre aujourd’hui d’énormes difficultés qui pourraient bien conduire à la fermeture pure et simple du lieu.
Pierre-Alain Wiener, professeur à la retraite, partage son quotidien avec quinzaine de jeunes sans papier qu’il a d’abord accueilli chez lui avant de s’installer, en mars 2012, dans une maison mise à disposition par la société Saint-Vincent-de-Paul. « La petite maison vincentienne » c’est l’alliance improbable de nationalités (Burundi, Cameroun, Liberia, Rwanda, Guinée, Maroc, Sénégal), de cultures et de religions différentes qui cohabitent dans la sérénité et la bonne humeur. « J’étais étranger et vous m’avez accueilli. Pour nous cette phrase de l’Evangile n’est pas du blabla« , témoigne Pierre-Alain Wiener. « C‘est en cela que nous vivons pleinement le message chrétien. Je veux qu’ils soient heureux et c’est pour ça que je fais tout ceci.« Ces jeunes veulent s’en sortir, apprendre, se former et se réaliser dans leur vie, que ce soit en Belgique ou dans leur pays d’origine. Certains ont d’ailleurs pu s’en sortir et quitter la petite maison… un objectif que tous poursuivent, comme en témoigne Mounir, en Belgique depuis 4 ans: « C’était en plein hiver, Pierre-Alain m’a accueilli alors que j’étais dans la rue. Il m’a donné une lumière d’espoir. Ici, en tant que sans-papiers, nous n’avons aucun droit, mais grâce à Pierre-Alain, je peux vivre, poursuivre ma formation en boulangerie-pâtisserie et continuer à me battre pour me construire un avenir.«
Le projet menacé
En janvier de cette année, le tableau s’est pourtant assombri pour l’ensemble du groupe. Après un court-circuit, les installations ont été jugées non conformes par le service chargé de contrôler le bâtiment et les habitants se sont vus couper le gaz et l’électricité. Ils ont donc passé l’hiver sans chauffage, sans éclairage et dans des conditions d’hygiène très difficiles. La société Saint-Vincent-de-Paul, propriétaire de la maison, déplore cette situation mais estime devoir mettre un terme à la convention qui la liait à ce projet. « Le bâtiment que nous avions remis à neuf il y un peu plus d’un an s’est dégradé en raison d’une occupation trop importante des lieux. La petite maison nécessite aujourd’hui des travaux de rénovation conséquents que nous ne pouvons pas soutenir financièrement » explique Léon Even, président de la société Saint-Vincent-de-Paul. La société Saint-Vincent-de-Paul a donc demandé à Pierre-Alain Wiener et à ses cohabitants de libérer le logement dans les plus brefs délais. Après travaux, la maison sera confiée en gestion à une agence immobilière sociale. Elle gardera donc sa vocation d’entraide, mais dans un autre cadre que le projet actuellement en place.
Quel avenir ?
Pour Pierre-Alain Wiener, il n’est pas envisageable de quitter les lieux. D’abord, parce que les jeunes sont scolarisés dans des établissements à et autour d’Anderlecht. Ensuite, parce qu’aucune piste de relogement n’a été avancée actuellement. Les jeunes se retrouveraient à nouveau à la rue, laissés à eux-mêmes, ce qui est impensable dans l’esprit de celui qui leur a ouvert les bras. La petite maison vincentienne lance donc un appel urgent à toute personne ou association qui pourrait amener des pistes pour aider le projet ou accueillir le groupe.
Manu VAN LIER
Contact et informations: paul_colmant@euphonynet.be ou Pierre-Alain Wiener: 0493/38.36.84
A noter que ce sujet sera plus amplement développé dans le journal Dimanche du 14 août 2013