Drapé dans sa bure brune ceinturée d’une corde et d’un chapelet, le Père Daniel Marie ne passe pas inaperçu. Franciscain conventuel, il y a près de 2 ans que ce français est venu rejoindre la Maison de la rue d’Artois en plein « Bronx bruxellois ».
Visage taillé dans la pierre, regard de feu, gestuelle appuyée, tout dans cette personnalité porte la trace d’une jeunesse « musclée ». Passé de la délinquance à la découverte de l’Amour de Dieu, Daniel-Marie était l’un des invités de la session du Renouveau qui vient de se conclure à la basilique de Koekelberg.
Par trois fois, à six ans, à 12 et à 15, Daniel-Marie entend l’appel du Seigneur à devenir prêtre. « C’était un appel dans le cœur. Je ne savais pas que je voulais être prêtre, c’était dans mon cœur, mais pas dans ma tête« . Devant les jeunes massés autour de lui, il brosse son parcours passé dans la grande délinquance. « J’ai laissé tomber Jésus pendant dix ans (de 15 à 25 ans). Je ne priais plus, j’ai laissé tomber la Fac, l’organisation politique marxiste dans laquelle j’étais engagé, ma famille…j’ai fait la « teuf » (fête) jusqu’au clash. Mais il fallait de l’argent pour payer l’appart, la voiture… Alors on s’est organisé, on a braqué une banque. Comme l’argent part vite, surtout quand on se drogue, on a fait un deuxième braquage puis un troisième, et un bureau de poste. Dans ma tête j’étais triste, mais je ne le savais pas. Je faisais tout à l’envers. » Repéré et dénoncé à la police par l’un de ses complices, le jeune Daniel rencontre un homme détruit: son père, haut fonctionnaire, bouleversé de n’avoir pu transmettre les valeurs familiales. Et pourtant sa réaction n’est pas celle qu’on aurait imaginée, « mon père a eu une idée géniale: au lieu de me sermonner sur ma vie, il m’a dit : je vais t’aider à te planquer. »
S’ensuit alors un long et difficile parcours de rémission en Italie, où une nouvelle vie l’attend, pas vraiment meilleure… Daniel s’enfonce dans la drogue, jusqu’ à être près d’en mourir. Il lui faudra deux mois d’hôpital et un an de rééducation pour s’en sortir. « C’est l’amour qui m’a fait arrêter la drogue ! » lance-t-il aux jeunes qu’il met en garde. « Dans votre cœur vous avez un désir d’éternité. On cherche le bonheur partout: dans l’alcool, les joints, le sexe…mais ça ne marche pas ! Le Christ, lui, peut remplir complètement votre cœur ! »
Pour avoir été prêtre exorciste, le P. Daniel-Marie connaît le combat spirituel à mener contre le Mal. S’adressant aux parents, il les exhorte à avoir autorité sur le démon: « Vous devez savoir que si vos jeunes ne vont pas bien, Dieu vous donne l’autorité pour le combattre. Comme Jésus réveillé par les apôtres dans la tempête, sachez que vous pouvez l’arrêter vous-mêmes «
Accueilli par hasard dans un couvent de franciscains près d’Assise, « là, je me suis souvenu de l’appel du Seigneur. Ils ont accepté de me garder clandestinement pendant cinq ans, car ils comprenaient que c’était l’œuvre de Dieu. Apprenant l’Amour qui se donne, l’intuition franciscaine mûrit, Daniel devient prêtre.
Aujourd’hui, à Bruxelles, P. Daniel-Marie a rejoint une petite communauté de franciscains conventuels dans un quartier multiracial, polyculturel et plurireligieux. Avec Bart, qui est belge, un frère espagnol et un australien, la communauté poursuit l’itinéraire spirituel et humain de son saint patron. « Le Seigneur m’a donné des frères » disait saint François. Fidèle au charisme historique, la fraternité est centrale. Elle s’accompagne de la Parole vécue et priée quotidiennement, qui éclaire et donne sens à l’action évangélisatrice particulière auprès des jeunes. Sise à deux pas de la Place Anneessens, l’église attend celles et ceux qui souhaitent se joindre aux offices, à l’eucharistie ou à l’adoration.
Bernadette Lennerts
Couvent Saint Antoine à Bruxelles – Rue D’Artois, 17-19 – 1000 Bruxelles (près du métro Anneessens) – 02/517.17.80 – bruxelles@franciscains.eu – www.saintantoine.info