L’année du 80ème anniversaire des apparitions de la Vierge à Beauraing se clôturera ce jeudi 22 août 2013. Si l’aura de ce lieu de pèlerinage n’est plus à démontrer aujourd’hui, le chemin aura pourtant été long avant que ces apparitions ne soient reconnues de manière officielle.
Le soir du 29 novembre 1932, quatre enfants du village vont chercher la petite Gilberte Voisin à la sortie du pensionnat des Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Nancy. En sonnant à la porte de l’école, ils se retournent et aperçoivent « une belle dame, habillée de blanc, toute lumière » qui se promène à un mètre du sol sur le pont du chemin de fer qui était à 20 mètres d’eux. Apeurés, ils rentrent chez eux en courant, mais reviennent sur les lieux dès le lendemain soir pour découvrir que c’est la Vierge Marie qui leur apparaît. Ce sera le début d’une série d’une trentaine d’apparitions dont les enfants seront témoins jusqu’au 3 janvier 1933. Chaque jour, ils vont voir Marie d’abord sur ce pont, puis dans un buisson de houx et enfin dans une aubépine plus proche d’eux (C’est au pied de cette aubépine qu’une statue de la Vierge est aujourd’hui installée).
Méfiance et incrédulité
« L’entourage de ces enfants, alors âgés de 9 à 14 ans, va très mal réagir lorsqu’ils vont rapporter leur expérience surnaturelle », raconte Christophe Rouart, vice-recteur du Sanctuaire de Beauraing. « Dans un premier temps, le récit des trois enfants de la famille Voisin et des deux filles Degeimbre va être très mal accueilli par leurs familles respectives, mais également par le clergé, et par la sœur supérieure du pensionnat qui leur interdit tout un temps de pénétrer dans le jardin où la Vierge leur apparaît. » Très vite, pourtant, leur histoire intrigue et fait parler d’elle. Des gens affluent de Belgique et de l’étranger pour assister à ces apparitions, alors que les milieux scientifiques se mobilisent pour enquêter sur le phénomène. Des médecins, des avocats et des professeurs d’université vont soumettre les enfants à des interrogatoires, essayant de les prendre en défaut par des questions contradictoires. « C’est d’ailleurs là un signe fort dans le cadre de ces apparitions, jamais les enfants ne se sont contredits au cours de ces interrogatoires », explique Christophe Rouart. Après un long temps de précaution extrême et de méfiance, certains médecins, les religieuses et les parents vont croire à l’authenticité des témoignages de ces enfants et aux messages que la Vierge leur a adressés. Ce n’est pourtant qu’après la mise en place d’une commission et une étude minutieuse des faits qu’André-Marie Charue, évêque de Namur, reconnaît le 2 juillet 1949 le caractère surnaturel des événements et autorise le culte public de Notre-Dame de Beauraing.
Le souhait de la Vierge
Au fil des apparitions, la Vierge a livré aux enfants différents messages. Elle s’est présentée comme « La Vierge immaculée, la Mère de Dieu, la Reine des Cieux », elle leur a demandé « d’être bien sages » et leur a dit « Priez, priez beaucoup, priez toujours ». Des messages qui rejoignent encore aujourd’hui le cœur de près de 150.000 visiteurs chaque année. La Vierge, le 17 décembre 1932, a également demandé qu’une chapelle soit construite, et souhaité « que l’on vienne ici en pèlerinage ». La construction a débuté après la guerre, en 1947, pour se terminer et être bénie en 1954. S’en sont suivis l’aménagement du jardin en lieu de prière et la construction de l’église supérieure.
80 ans, l’âge du bilan
« En 80 ans, les sanctuaires sont toujours restés un pôle pilote, un lieu de référence pour la pratique de la foi, pour les dévotions« , remarque le vice-recteur. « Les pèlerins viennent de partout en Belgique, mais aussi, pour la moitié, de l’étranger: France (la frontière française n’est qu’à 8 kilomètres de Beauraing), Hollande, Allemagne, Italie, Lettonie, Corée, Sri Lanka, Etats-Unis pour ne citer que des pays dont nous avons accueilli des groupes récemment. » Que ce soit Lourdes, Banneux ou Beauraing, les lieux de pèlerinage attirent moins de gens que par le passé, mais restent cependant fort fréquentés. Les pèlerins « traditionnels » laissent doucement place à des pèlerins plus jeunes, notamment depuis la mise en place à Beauraing de formules de routes à pied et à vélo. Les gens se déplacent pour Marie, mais aussi pour chercher un sens, du réconfort ou de l’écoute: « Nous recevons beaucoup de gens qui viennent confier des difficultés et qui trouvent ici un lieu où ils peuvent le faire, où ils peuvent nouer un certain contact avec le surnaturel, le divin, avec Dieu, avec sa mère pour confier des difficultés et souvent vivre plus simplement une certaine religion populaire, qui passe plus par le cœur que par la tête, en écrivant une prière, une intention dans un livre ou en brûlant une bougie« . La Vierge de Beauraing est également nommée « la Vierge au cœur d’or » car elle a dévoilé son cœur aux enfants comme un cœur d’or, nimbé de lumière. Christophe Rouart veut y voir une invitation et un signe du « cœur à cœur qu’elle veut vivre avec chacun de nous« .
Manu VAN LIER
Le journal Dimanche dans son édition du 18 août 2013 a publié un dossier sur les apparitions de la Vierge à Beauraing. Vous pouvez vous procurer ce dossier à partir de la boutique des Médias Catholiques: http://boutique.catho.be/journal-dimanche-pdf/dossier-dimanche-express-466.html