Avec le décès de l’abbé Colignon, s’éteint également l’action judiciaire qui avait été engagée contre lui pour attentats à la pudeur et viols commis sur des jeunes garçons. Mais les victimes peuvent toujours se tourner vers le diocèse de Namur pour être reconnues dans leur statut de victime et envisager un dédommagement moral de leur préjudice.
La Justice ne pourra plus juger l’affaire Colignon. Après plusieurs reports en raison du mauvais état de santé du prévenu, une nouvelle audience avait été prévue devant le tribunal correctionnel de Dinant le 18 juin. Mais l’abbé âgé de 70 ans est mort avant, le 1er juin dernier, à l’abbaye de Rochefort où il vivait depuis plusieurs mois. Cet homme devait répondre de faits d’attentats à la pudeur et viols commis sur des jeunes garçons de moins de 16 ans entre 1968 et 2011 alors qu’il était prêtre, notamment à Flawinne, Surice, Omezée et Vodelée. Ses victimes – elles sont une vingtaine à s’être signalées – ne connaîtront jamais ses explications. L’action publique s’éteint en effet avec ce décès.
Après l’inhumation qui a eu lieu hier, 4 juin, à Neffe, près de Dinant, le diocèse de Namur a réagi par un communiqué de presse dans lequel il tient tout d’abord « à exprimer sa compassion à l’égard des personnes victimes de ce prêtre dont les comportements répréhensibles et inadmissibles causèrent un tort considérable tout d’abord aux victimes mais aussi aux communautés chrétiennes où il exerça son ministère, à ses confrères, aux croyants et à l’Église toute entière. »
Reprenant un quotidien régional, le diocèse estime que l’abbé Colignon « doit maintenant subir le jugement de son Dieu qu’il était censé servir fidèlement » et confie « à la Miséricorde divine ce prêtre mais aussi et surtout les personnes qui furent victimes de ses agissements ».
La soudaineté du décès privant la société et les victimes du prononcé de la justice des hommes, le diocèse comprend le désarroi de ces victimes « qui espéraient une parole de reconnaissance et une demande de pardon de la part de leur agresseur ».
Rappelant que les autorités diocésaines ne furent informées des agissements délictueux de ce prêtre qu’au mois de septembre 2010, le communiqué reprécise que ces autorités ont alors réagi promptement en interdisant à l’intéressé tout contact avec des enfants et des jeunes, et en lui enjoignant de prendre sa retraite dans les deux mois, ce qui fut fait le 1er novembre 2010. « Dès qu’une plainte fut déposée au pénal, les responsables diocésains ont apporté leur collaboration et se sont abstenus d’intervenir de quelque manière afin de ne pas perturber l’enquête », ajoute le texte.
Si la mort de l’abbé Colignon éteint l’action judiciaire, des procédures existent cependant pour les victimes, « afin d’obtenir une reconnaissance et un dédommagement moral de la part de l’Église catholique qui s’y est engagée, dans la foulée de la Commission parlementaire créée dans ce douloureux contexte », explique enfin le communiqué.
Dans cette perspective, le Diocèse de Namur rappelle donc qu’il est « disposé à recevoir et écouter toute personne qui voudrait que soit reconnu son statut de victime de l’abbé Marcel Colignon, et à examiner avec elle toute demande de dédommagement moral de son préjudice. »
P.G./CP