Devant le flot incessant de réfugiés syriens, le Liban pourrait bien “payer la facture“ du conflit en cours dans la Syrie voisine, déplore le cardinal Jean-Louis Tauran, grand connaisseur du Moyen-Orient.
Alors que le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) vient d’annoncer que le nombre de réfugiés syriens au Liban avait dépassé les 511’000 personnes, l’ancien secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec Etats assure que le Pays du Cèdre va “payer la facture“ du conflit syrien. “Où vont les réfugiés : les chrétiens chez les chrétiens du Liban, les druzes chez les druzes du Liban, les alaouites chez des parents au Liban. Ce pays a déjà les problèmes des réfugiés palestiniens, de ceux de la guerre civile des années 1980, maintenant ceux de Syrie“, relève encore le haut prélat français, qui fut secrétaire de nonciature à Beyrouth de 1979 à 1983.
“Le Liban n’existe pas sans les chrétiens“, dit encore le cardinal Tauran pour qui leur protection est indispensable. Dans le pays, les chrétiens sont ainsi à ses yeux “un patrimoine du dialogue interreligieux et de convivialité“.
Porte ouverte
Dans une interview accordée à l’AFP, le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux évoque aussi les relations tendues entre la plus haute autorité sunnite au monde et Rome. Le conseiller diplomatique du grand imam de l’université Al-Azhar du Caire a récemment souhaité que le pape François trouve “les mots justes“ en vue d’une réconciliation. Mais le cardinal Tauran tempère et rappelle que c’est l’université cairote qui avait “gelé les relations“ en janvier 2011 après un appel de Benoît XVI à protéger les chrétiens suite à l’attentat contre une église copte d’Alexandrie.
“J’ai fait plusieurs tentatives de contact mais ça n’a jamais marché“, assure le cardinal Tauran avant de préciser : “Le problème, ce n’est pas nous. Ceux qui ont gelé les relations sont nos amis musulmans“. Et le cardinal de conclure: “Chez moi la porte est toujours ouverte“.
apic/imedia