Témoin privilégié des évènements ayant conduit à la chute du président Moubarak, Mgr Fitzgerald, ancien nonce apostolique au Caire, a partagé, sur les ondes de Radio Vatican, son expérience et est revenu sur les nombreuses questions soulevées par cette révolution.
Radio Vatican a interrogé Mgr Michael Fitzgerald, nonce apostolique au Caire jusqu’en septembre 2012, sur la situation en Égypte après le « Printemps arabe ». Selon lui, l’un des changements notables réside dans la liberté d’expression. « Au moins en Égypte« , a-t-il expliqué, « les personnes n’ont plus peur de s’exprimer, on entend toutes les opinions. » La presse et la télévision sont devenues les lieux privilégiés où s’exerce cette liberté conquise.
Interrogé sur la satisfaction ou non de la population, celui qui fut aussi délégué du Saint-Siège auprès de la Ligue arabe explique que « les gens sont déçus par le gouvernement, ou plutôt par le manque de gouvernement« . L’inertie du pouvoir en place et l’absence de mesures exacerbent une situation économique désastreuse. Les touristes, peu rassurés, préfèrent les stations balnéaires de la mer Rouge, délaissant le Caire, Louxor et Assouan, qui dépendent essentiellement de l’industrie touristique. D’une manière générale, c’est la confiance qu’il faut redonner aux investisseurs, découragés par l’instabilité et « le manque d’ordre« , insiste-t-il.
« L’heure n’est pas à la fuite »
« Mais ce n’est pas la fin!« , tempère Mgr Fitzgerald, se référant aux prochaines élections législatives qui devraient se tenir au mois d’octobre. « On peut exercer son droit à voter contre le gouvernement qui est là« , ajoute-t-il. Certes, reconnaît-il, « ceux qui sont du bord des Frères musulmans sont plutôt contents » de la situation, mais, précise-t-il non sans humour, « ils ne sont pas la majorité dans le pays« . Il déplore d’ailleurs les divisions patentes entre les différents partis et factions non islamistes. Une « fragmentation des forces« , qui « affaiblit l’opposition au gouvernement actuel », regrette l’ancien nonce apostolique.
Concernant les perspectives d’avenir pour l’Égypte, Mgr Fitzgerald assure que « le processus démocratique est entré en jeu » et demande à ce qu’on l’encourage. Les chrétiens, quant à eux, ne doivent pas oublier le cœur du message du Synode des évêques pour le Moyen-Orient, en octobre 2010, qui les invitait au courage, à l’espérance et à l’engagement. L’heure n’est pas à la fuite, mais à la lutte « démocratique« , a-t-il conclu.
P. A. (avec Radio Vatican)