Plus de 126 femmes ont été violées par des militaires congolais au Nord-Kivu (RDC) en novembre 2012, révèle une enquête de l'ONU. Eclairage.
Le 20 novembre 2012, la région du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, replonge dans la violence. Les rebelles du mouvement M23 ont rompu la trêve signée trois mois auparavant avec les autorités. Ils s’emparent de Goma, le chef-lieu de la province. Les troupes de l’armée régulière en fuite contournent le lac Kivu, puis entrent dans la localité de Minova. Dans le chaos, des soudards des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en profitent pour piller, voler, violer…
Entre le 21 et le 28 novembre, les hôpitaux de Minova et des alentours soignent des dizaines de femmes abusées, parfois mineures. C’est un nouveau crime de masse à l’est du pays. Un crime de trop aux yeux de la Monusco, la mission de la paix de l’ONU en RDC. Souvent pointés du doigt pour leur incurie, les agents des Nations unies veulent faire cesser l’impunité contre les auteurs de ces viols. Ils annoncent le 6 décembre l’ouverture d’une "enquête sur des accusations de violation des lois internationales sur les droits de l’homme commises par des unités de l’armée congolaise".
Quatre mois plus tard...
L’annonce est rendue publique au cours du sommet du G8 à Londres, le 11 avril. Les pays s’accordent sur une nouvelle stratégie de lutte contre les crimes sexuels en zone de conflits, assortie d’un fond de 27,5 millions d’euros. Le même jour, les autorités de Kinshasa rendent publique la suspension de 12 officiers de haut rang dont les bataillons sont soupçonnés d’être impliqués dans les viols de masse de Minova. L’ONU avait menacé l’armée congolaise de réduire son soutien si les soldats responsables des viols n’étaient pas traduits en justice.
L’enquête de Minova illustre les difficultés du combat contre les viols de masse. Comment protéger les victimes ? Comment les inciter à porter plainte ? "Il ne faut pas forcer la main de nos patientes", répond le gynécologue Denis Mukwege, interrogé par La Croix. L’homme a opéré plus de 40 000 femmes violées et mutilées au cours des treize dernières années. Il estime qu’une femme sur 40 seulement porte plainte.
A.L/La Croix
Visionnez notre rencontre avec le Docteur Mukwege lors de son exil en Belgique il y a six mois. Après avoir échappé à un assaut d’hommes armés chez lui en RDC, le gynécologue congolais, Denis Mukwege, a été contraint de quitter Bukavu avec sa famille, le 27 octobre 2012. En exil à Bruxelles, il a donné en novembre 2012 une conférence au Parlement européen. Depuis, il a pu rentrer d'exil.